mardi 29 octobre 2013

Parole à : Annick de Fornel pour son livre DESTIN (ambulancière, ambulancières, conductrice, SANA, AFAT, SSA, Indochine, seconde guerre mondiale, Croix-Rouge)


L'auteur de Femmes à la guerre (récits et dessins inédits 1940-1944), madame Annick de Fornel, vient de publier une nouvelle version de ce roman épistolaire sous le titre de Destin.

Elle a bien voulu répondre à quelques-unes de nos questions sur le présent ouvrage et le parcours de guerre de sa mère, nous l'en remercions vivement.


Pourriez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Née le 20 avril 1948 à Alger, j'ai été rapidement attirée par les arts, l'exemple de maman, ses peintures, ses jardins, ses créations de vêtements, ont  bercés mon enfance. J'ai poursuivi mes études à Limoges, aux Arts décoratifs section publicité. Puis une formation de peintre sur porcelaine dans les ateliers d'arts de mon père,  j'ai ensuite ouvert un atelier de peinture sur porcelaine dans les environs du lac de Vassivière en Limousin, j'étais parallèlement, professeur de dessin d'art à la Chambre des Métiers de Limoges jusqu'en 1990. Dès 1987 Je me suis intéressée à l'outil informatique, et j'ai monté une entreprise de prestations de services dans ce domaine, avec création de 2 emplois. C'est en 1991 que j'ai intégré l'entreprise Legrand - Limoges -appareillage électrique, jusqu'à ma retraite en 2010 (j'étais chargée de communication pour le service formation). Mais J'ai toujours continué la peinture.  



Vous avez découvert le parcours de votre mère et ses travaux après sa mort ? 

En effet, et même après le décès de mon père en 2006, étant fille unique j'ai pu découvrir l'ensemble de ses documents tels qu'elle les avait laissés. Extrêmement bien classés et identifiés, comme tous les sujets qui la passionnaient : collections de plantes grasses d'ouvrages d'art, ses dessins de planches botaniques sur les champignons, ses plantes médicinales ainsi que ses toiles aquarelles et croquis divers. 
En fait,  je me suis lancée dans cette aventure en découvrant les courriers que maman écrivait à ma grand mère, puis les dessins qui s'y rapportaient, j'ai voulu transmettre cela à mes 3 enfants, pour que ces précieux (pour moi) documents ne soient pas morcelés. Mais je n'ai jamais été formée à l'écriture ni aux logiciels de mise en page. J'ai donc pris des cours particuliers pour apprendre à me servir des bons outils (indesign et photoshop). Cela a été la première phase d'une année.


En parlait-elle ? 

Non très peu, quelques fois elle racontait l'exercice périlleux des routes enneigées de la Corse, au volant de sa grosse ambulance, mais aucun détail. De ses formations de sa vie d'ambulancière et d'AFAT, j'ignorais tout.  

Pouvez-vous nous retracer son parcours de guerre ? 

En dehors du résumé en fin d'ouvrage, issu des documents qu'elle avait conservés, je ne sais rien. Mon père parlait quelques fois de la période où il avait été prisonnier en Allemagne et son évasion mais pratiquement rien sur lui aussi.



Selon vous quel aspect est le plus important, le texte ou les illustrations ? Les deux peut-être ? 

Il me semble que les deux sont importants : les illustrations, car c'est un témoignage illustré et plus rare que les récits plus nombreux. Le fait qu'elle soit "chargée de la petite chronique illustrée" de son groupe donne un aspect vivant du "journalier (comme vous le soulignez elle essaie de passer outre les évènements dramatiques et s'attache à faire ressortir le côté humoristique).
Concernant les textes, même s'ils racontent davantage des "évènements" ponctuels et des "ambiances",  me paraissent également importants, car ils décrivent les lieux d'une plume imagée et les pays qu'elle va traverser,  Egypte, Israël, Irak comme des endroits paradisiaques, on a du mal à les imaginer de cette façon aujourd'hui. 

Pourquoi une seconde édition au tome 1 ?  

Une fois terminé et imprimé, j'ai eu le sentiment que "femme à la guerre" n'était pas le bon titre, elle ne parle pas de combats, d'interventions militaires. Par contre son destin a basculé, elle quitte les Beaux-Arts, le cocon familial,  c'est un changement de cap complet, il a fallu du courage de la détermination et s'imposer à ses parents je suppose : d'où le titre DESTIN qui me parait mieux approprié. Son aquarelle du port d'Alger collait bien avec son départ pour la Corse.
Quelques remarques aussi, m'ont amenées à restructurer les chapitres et surtout à faire ressortir les pages qui marquent le début de ses écrits, et bien sûr j 'ai un peu remanié et corrigé le texte.

  



Quand les deux prochains tomes, consacrés à l'Asie, sortiront-ils ?  

Il faut que je m'y remette, pas de date pour le moment, je viens de terminer un autre ouvrage sur les planches botaniques de maman, car j'ai été invitée à faire une exposition sur ses tableaux, émaux et dessins ce mois ci avec présentation de ce livre.



Comment peut-on se procurer Destin ? 

Sur mon blog : j'ai mis un lien pour obtenir le bulletin de commande http://artys.id.st/art-et-litterature-p256389

dimanche 13 octobre 2013

Livre : Evelyne Morin-Rotureau, Françaises en guerre, 1914-1918 (Mots-clés : 1914-1918, Grande Guerre, première guerre mondiale, féminisme, arrière, veuves de guerre, marraines, prostituées, infirmières, infirmière)


Alors que le centenaire du début de la Grande Guerre approche, les éditions Autrement publient Françaises en guerre, 1914-1918, devançant ainsi de quelques mois les premières publications. Un ouvrage collectif dirigé par Evelyne Morin-Rotureau. Parmi les auteurs a y avoir participé nous retiendrons, Yvonne Knibiehler, Annette Becker ou Françoise Thébaut qui, en publiant La Femme au temps de la guerre de 14 chez Stock en 1986, avait dévoilé l'histoire méconnue des Françaises au cours de cette guerre meurtrière.



Ne le cachons pas, Françaises en guerre est une adaptation en images, revue et corrigée, du livre Combats de femmes, 1914-1918, publié en 2004 aux éditions Autrement. Le sommaire d'origine a connu quelques bouleversements, mais l'essentiel est au rendez-vous. Les auteurs demeurent les mêmes. Cinq thèmes principaux jalonnent ces 223 pages : la vie publique, la vie privée, les femmes sous l'occupation, une guerre émancipatrice ?, une femme nouvelle. Il faut rapidement rappeler que la guerre ne fut émancipatrice et que le rôle des féministes dans la mobilisation des femmes fut primordiale. "L'arrière" a vu l'augmentation de nouvelles catégories sociales : veuves de guerre, prostituées, marraines de guerre et femmes en uniforme. C'est en substance ce que vous trouverez au gré des lignes, des pages et des images.



Françaises en guerre clos ses pages sur une question presque existentielle. Au terme de ces années de guerre, une femme nouvelle est-elle sortie de terre ? Mais, peut-on seulement trouver un semblant de réponse dans l'art et la littérature ? Là est la question.

L'iconographie, part importante du livre, est bien choisie, révélatrice de l'imagination des artistes et de la variété des supports. Nous aimons particulièrement le choix de couverture, une livreuse des magasins du Printemps en uniforme bleu. Toutefois, nous regrettons l'emploi pages 21, 36 ou encore 51 de visuels étrangers pour représenter la France alors qu'il existe tant d'images réalisées in patria sur ces thématiques. Le seul vrai bémol vient de l'affiche de la page 179 qui malheureusement ne date pas de la première guerre mondiale, mais bien de la seconde !

Ne chipotons pas... C'est un bel ouvrage, d'un beau format, texte intéressant qui peut faire débat (d'où l'intérêt), une iconographie agréable... Un parfait cadeau pour Noël.


Evelyne Morin-Rotureau, Françaises en guerre, 1914-1918, Paris, Autrement, 223 pages. (30 euros)


Ouvrage disponible en librairie, chez l'éditeur ou sur les sites de vente spécialisés.