samedi 31 octobre 2020

Frédéric PINEAU Siège de Paris combats du 30 septembre 1870 à Chevilly, L'Haÿ et Thiais

Le 30 septembre 1870 au matin, après une longue attente et une préparation d’artillerie d’une demi-heure, 40 000 hommes s’ébranlent sur le plateau de Longboyau. Ils avancent vers les villages de Thiais, Chevilly et L’Haÿ avec pour objectif de repousser les lignes d’investissement prussiennes et de couper leurs liaisons à Choisy-le-Roi. 

 



Certains de ces hommes n’ont jamais vu le feu. Une « vigoureuse » reconnaissance offensive pensée par le général Vinoy. 

Prévenus depuis la veille, les Prussiens ont trouvé le temps de consolider leurs positions, attendant de pied ferme les trois colonnes des généraux de brigade Dumoulin, Blaise et Guilhem. 

Cet événement marquant est la première grande bataille du siège de Paris. L’auteur, Frédéric Pineau, étudie ici tous les aspects de la bataille, heure par heure,unité par unité, les lieux, les positions prussiennes, l’action des ambulances, les combats vus des forts, les diversions, les conséquences de la bataille, mais aussi les monuments encore visibles de nos jours et les traces des combats.

 

Frédéric Pineau, Siège de Paris, combat du 30 septembre 1870 à Chevilly, L'Haÿ et Thiais, Louviers, Ysec, 2020 18 €

www.ysec.fr 


PARUTION MARDI 10 NOVEMBRE 2020

mercredi 14 octobre 2020

LIVRE : La reine NJINGA et le royaume du NDONGO (Mots-clés : Portugal, Angola, Afrique)

 La série Les Reines de sang, qui avait publié Constance d’Antioche, vient de sortir le premier tome de la bande dessinnée Njinga la lionne du Matamba. Ce livre n'est pas le premier sur le sujet.

En 2000, parait, aux Etats-Unis d'Amérique, sous la plume de Patricia C. Mc Kissack, une américaine native du Tenessee, l'ouvrage Nzingha : warrior queen of Matamba. Six en ans plus, il est traduit chez Gallimard jeunesse dans la collection "Mon histoire" sous le titre de Nzingha : princesses africaine.

Enfin, en France, Jean-Michel Deveau avec, La reine Nzingha et l’Angola au XVIIe siècle, propose un ouvrage historique à destination d’un lectorat adulte. 

Si l'on remonte bien plus loin encore, l’auteur de l’Histoire universelle depuis le commencement du monde jusqu’à présent, publiée à Amsterdam en 1765, cite quarante-deux fois le personnage de la reine Njinga. On reste toutefois dans un joli flou artistique quant à sa vie qui manque de précisions. 

 


 

Njinga une reine pas si mythique


Njinga (ou Nzingha) est une reine mythique quoique personnage historique avéré, d’une partie du nord de l’Angola actuel, morte en 1663, à quatre-vingt-deux ans. Elle épouse la foi chrétienne espérant que les Portugais ne chercheront plus d‘esclaves au sein de son peuple, mais n'en est pas moins l'un des instruments.

Le scénariste Jean-Pierre Pécau tient un discours où les Portugais sont présentés comme des êtres fourbes uniquement préoccupés par le désir d’alimenter le trafic d’esclaves et de s’emparer de certaines richesses locales. Rappeler que les tribus africaines sont les principales pourvoyeuses d'esclaves - les Portugais n'ayant que peu de moyens pour mener des razzias - n’est pas le moindre intérêt de l’ouvrage à une époque où le politiquement correct s’impose dans certains milieux médiatiques. Si l'on peut louer la résistance de Njinga face à l'hégémonisme portugais, on ne peut en faire une héroïne de la lutte contre l’esclavagisme car la traite finançait le budget de son royaume. 

 

 Dona Ana de Sousa

 

Njinga est présentée comme maîtrisant parfaitement la langue de Bernardim Ribeiro (c’est lui qui fonde le genre du roman pastoral et le roman à clef dans la péninsule Ibérique du XVIe siècle). Si les provocations du gouverneur à son égard sont ahurissantes, les réactions de Njinga sont bien excessives dans leur impertinence. Bref on est parfois là dans un discours fictionnel se souciant peu du contexte culturel de l’époque. En se convertissant au christianisme, notre héroïne adopte le nom de Dona Ana de Sousa en hommage à l'épouse du gouverneur, qui fut également sa marraine ; il est donc inconcevable que ce haut fonctionnaire portugais ait pu lui tenir des propos extrêmement blessants.

 


 

Conflit avec le Portugal 

 

La première mention de Njinga, dans les sources européennes, date de 1632 quand son frère, alors roi, lui demanda d’aller négocier une paix avec le gouverneur portugais João Correia de Sousa. Le récit de cette BD ouvre sur cet évènement. Les raisons du conflit entre elle et son frère sont le fruit de l’imagination du scénariste. Devenue reine à la mort de son frère, elle commanda effectivement les troupes du royaume face au Portugal qui n’avait pas respecté ses engagements. Les guerres des tribus africaines entre elles et mettant aux prises le Portugal et le royaume du Ndongo, tiennent une large place dans ce premier tome.

Des allusions au cannibalisme sont présentes, sa prétendue pratique servit d’argument à la colonisation et à la christianisation ; l’historien s’interroge sur sa réalité effective en Afrique. Dans le volume suivant, on verra vraisemblablement que les Hollandais firent de Njinga leur allié. Quelques pages contiennent des images érotiques. Le graphisme est très élégant, les couleurs lumineuses et la mise en page, quoique classique, se renouvelle constamment.


PÉCAU, DE VINCENZI, SAYAGO, Njinga la lionne du Matamba, Sayago, Delcourt, 2020

 

Alain CHIRON

 

jeudi 8 octobre 2020

LIVRE. L'Amérique s'invite : CALAMITY JANE: UNE LÉGENDE VIVANTE DANS L’HISTOIRE DU FAR-WEST (Mots-clés : far-west, cow-boy, Amérique, indiens)

     Calamity Jane est présentée en dix tableaux, comme toutes les autres figures de cette collection. Les double-pages, composées d’un texte d’environ soixante-dix mots à gauche et d’une illustration pleine page à droite, s’intitulent successivement : La légende de l’Ouest, L’appel de l’or, Au boulot !, Éclaireuse dans l’armée, Les Indiens attaquent ! , Un couple d’enfer !, Création d’une star, La vie de famille, Sur scène, Adieu Calamity Jane.


 

Il est possible de situer les événements au moyen d'une frise chronologique. On y voit notamment la bataille de Little Bighorn en 1876. La carte des États d’Amérique présente six sites : Princeton, Salt Lake City, Fort Laramie, Les Black Hills, Deadwood, Buffalo. On propose un portrait de quatre personnages : Custer, Sitting Bull, Wild Bill et Buffalo Bill.

Des jeux, en fin d’ouvrage, permettant de consolider les connaissances acquises sont aussi proposés. L’ouvrage sorti en 2016 a été réédité en 2020, vu son succès. Clémentine V. Baron a déjà participé à la rédaction de plus de soixante-dix ouvrages de cette collection destinée prioritairement à un lectorat de 9 à 12 ans.


BARON (Clémentine V. ) & WENNAGEL (Bruno), Calamity Jane. Quelle histoire, 2016, 40 pages

 

Alain CHIRON


LIVRE : Isabelle Boulanger, DES BRETONNES ENGAGÉES DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE (Mots-clés : Bretagne, résistance, résistantes)

    Durant toute la seconde guerre mondiale, près d’un million-et-demi de prisonniers français se trouve en Allemagne. Cette « absence » des hommes laisse une large place aux femmes dans la vie de tous les jours. Et la résistance à l'occupant allemand ne fait pas exception. Elles intéressent particulièrement les mouvements de la résistance pour leurs connaissances en dactylographie, et du fait d'être peu soupçonnées par les Allemands. On leur reconnaît le fait de faire preuve d’imagination pour cacher, soit des hommes, soit du matériel d’imprimerie, soit des armes. 

Comme assez peu de juifs se réfugient en Bretagne, la région étant en zone nord, seule vingt Bretonnes sont reconnues « Juste parmi les Nations ». Mais, ce nombre de femmes est bien plus important que celui des hommes qui, pour ces mêmes départements, ne sont que cinq. Le premier chapitre de l’ouvrage montre que les actions de résistance prirent des formes diverses, mais que toutes mirent leurs actrices en danger, même pour de simples faits. Ainsi, les menaces tombèrent sur une femme qui rendait régulièrement visite à des résistants internés avec qui elle n’avait aucun lien familial. 

 Le chapitre suivant évoque les femmes engagées dans les Forces françaises libres, bien souvent comme infirmières. 

Entrées dans la Résistance, nombre de Bretonnes connaissent un sort tragique ainsi, après trois jours de torture, à l’âge de vingt ans Mireille Chrisostome est exécutée le 14 juillet 1944 à Saint-Brieuc. D’autres connaissent la déportation comme Suzanne Bouvard-Latapie, infirmière dans le maquis, envoyée au camp de Ravensbrück. 

Le dernier chapitre parle des années qui suivent la seconde guerre mondiale et, en particulier, comment des résistantes bretonnes prolongèrent leur engagement résistant dans une entrée dans la vie publique comme conseillères municipale, générale, voire même députée. Leur nombre, en proportion, fut plus important au PCF. Sans pour autant être élues, il y en eut pour se retrouver permanentes comme Marie-Louise Kergoulay dans les Côtes-du-Nord. Yvette Wilson, infirmière depuis la première guerre mondiale, est élue maire sans étiquette à La Bernerie-en-Retz en Loire-Atlantique, une commune de près de 1800 habitants en 1946. 

 

Trois femmes sont élues députées démocrates-chrétiennes. De ces trois femmes, celle qui deviendra la plus célèbre est Marie-Madeleine Dienesch qui représente les électeurs des Côtes-du-Nord, l'une des rares femmes dans les gouvernements du général de Gaulle. Le PCF compte également quelques députées bretonnes comme la Finistérienne Marie Perrot épouse Lambert puis Gosnat qui siège au Palais-Bourbon de 1948 à 1951. Suzanne Valentin est très brièvement secrétaire d’état dans un gouvernement sous la présidence de Georges Pompidou, députée gaulliste du Finistère de 1962 à 1973 et maire de Saint-Ségal de  1945 à 1949 puis de Pont-du-Buis de 1949 à 1974. On relève également que la première femme consul, née en 1911 à Morlaix, se nommait Jeanne-Louise Pétrement. 

 Dans la conclusion, il est rappelé que l’engagement des femmes dans la Résistance fut une marche vers l’égalité des droits entre hommes et femmes. D’autre part l’auteur s’interroge sur le sens de l’intérêt collectif dans notre société du XXIe siècle alors que le nationalisme, le racisme et le fondamentalisme menacent son équilibre. Cet ouvrage très largement illustré, manque toutefois d’un index des personnes.  

BOULANGER (Isabelle), Femmes d’exception en Bretagne sous l’Occupation, Coop Breizh, 2020, 256 pages

  Alain CHIRON