Nous avons pris un réel plaisir à
lire le livre de Lucia Tichadou, présenté et annoté par Hélène
Echinard, Infirmière en 1914, journal d'une volontaire, 31
juillet-14 octobre 1914.
« Le
31 juillet 1914, Lucia Bernard part en train de Perpignan (par
Toulouse et Limoges) pour Paris. Enseignante, elle est en vacances et
veut faire un tour à l’Ecole Normale de Fontenay-aux-Roses où
elle a été élève quelques années auparavant, puis elle compte se
rendre dans son village natal d’Eclaron en Haute-Marne où résident
sa mère et sa belle-soeur qui attend un bébé. La guerre est
imminente. Lucia décide de tenir un journal. C’est une jeune femme
de 29 ans, pleine d’allant. Sitôt la guerre déclarée, elle
s’improvise infirmière et s’installe à Brienne-le-Château dans
un hôpital lui-même improvisé dans l’église et le presbytère,
dont elle assure, elle-même, « la construction » des lits. Le
soir, elle tient son journal où elle consigne, outre les faits, ses
réflexions et ses interrogations. Avec la bataille des frontières,
les premiers blessés arrivent. Puis, à partir du 6 septembre, c’est
la bataille de la Marne. Brienne-le-Château et Eclaron, entre
autres, sont au cœur du mouvement amorcé par les troupes françaises
pour contenir l’ennemi, puis le faire reculer; Saint-Dizier, où
réside une partie de la famille de Lucia, est traversée par la
ligne de front...
Lorsque
Lucia reçoit son affectation de professeur à l’école normale
d’Aix-en-Provence pour la rentrée scolaire, elle refuse
d’abandonner ses blessés, quitte à recevoir un blâme et même à
mettre en cause sa carrière.
Elle
obéira, en retard. »
Ce
récit qui se situe dans les premiers mois de la guerre est un
excellent exemple de l'état d'esprit des Français et des Françaises
en ces mois d'incertitude et d'espérance d'un conflit court et
victorieux.
Pour
l'époque, Lucia Tichadou, n'est pas une « infirmière »
comme les autres, elle a une opinion très marquée à gauche (elle
adhère au PCF en 1934) et ne la cache pas.
Pourtant, nous retrouvons
chez elle ce patriotisme et cet antigermanisme outranciers qui furent
dans la bouche de bien des écrivains, d'hommes politiques et de
beaucoup de Français en général. Exemple : « Pourquoi
ne puis-je éprouver de haines individuelles ? Je hais la sauvage
patrie des Teutons. Je me réjouis d'entendre dire qu'on en a démoli
des milliers. Et le premier casque de hulans me donne un soubresaut
d'horreur et de pitié. » Ou
encore
« La guerre déchaîne la sauvagerie. Horreur, allons, pas
d'attendrissement, pas de sentimentalité, ils ont raison, il faut
mettre des oeillères, renverser tout. La victoire, la liberté sont
à ce prix. » Mais
il transparait aussi chez elle de la pitié pour l'ennemi et un fort
sentiment pacifiste.
Ces
vingt dernières années une poignée de récits d'infirmières ont
été publiés avec un succès mitigé. Cependant la Grande Guerre ne
peut se comprendre sans aborder l'effort considérable mené à
l'arrière. Nous conseillons vivement ce récit, paru au mois de
septembre 2014, tant il colle à l'actualité des premiers mois de
guerre. Un texte court, limpide, au flot agréable.
L'initiative
de cette publication revient à Hélène Echinard et aux éditions
Gaussen de Marseille.
Prix
: 12 euros
Editions
Gaussen, Marseille
Pour commander l'ouvrage :
Dans
le prochain post nous présenterons une autre publication des
éditions Gaussen : Parachutée au clair de lune de Anne-Marie
Walters.
A lire aussi sur les infirmières de la Grande Guerre :
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- Sophie Humann, Infirmière pendant la Première Guerre mondiale: Journal de Geneviève Darfeuil, Houlgate-Paris, 1914-1918, Paris, Gallimard jeunesse, 2012
- Simone de Montmollin, Lettres d'une jeune bon secours à sa mère durant la guerre de 14-18, Orthez, Talhe-Hèr, 2004
- Claudine Bourcier, Nos chers blessés, Alan Sutton, 2005
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