Il s'agit là d'un roman
de littérature jeunesse à destination des collégiens qui s'appuie
sur une solide documentation. De plus, des pages informatives en fin
d'ouvrage sont là pour aider à se situer dans la chronologie de la
première guerre mondiale, à découvrir l'évolution des frontières
en Europe entre 1914 et 1920 et en savoir plus sur le service de
santé des armées durant la Grande Guerre.
En fait l'ouvrage démarre
en 1916 année où la doctoresse Nicole
Mangin est envoyée dans un hôpital du Service de santé des
armées à Verdun. C'est par erreur qu'elle est convoquée à
l'hôpital thermal de Bourbonne-les-Bains, passé sous contrôle de
l’armée, en août 1914. Au début de l'année 1914, rattachée au
ministère de la Santé publique, elle prend la direction du
dispensaire antituberculeux du professeur Robin à Baujon. Son nom
est alors communiqué à l’armée par un employé du ministère en
question, sans que ce dernier ne prenne en compte l'identité
sexuelle du docteur en question. Seule femme médecin dans les armées
françaises durant la Grande Guerre, ses nombreuses consoeurs qui se
portèrent volontaires furent systématiquement refoulées.
Nicolle Mangin décrit sa
situation paradoxale en ces termes :
« Il est fort
probable que peu d'années, que dis-je, peu de moi après notre
victoire, j'aurais un sourire amusé pour mon accoutrement singulier
et une pensée critique pour l'affection que je porte à Dun, ma
chienne. Ce sera du reste injuste et ridicule. Je dois à ma
casquette d'avoir gardé une coiffure correcte, même en dormant sur
les brancards. J'eus également le mérite de tenir des heures sur un
siège étroit e voiture sanitaire, sans gêner le chauffeur. Je dois
à mes larges et multiples poches d'avoir toujours possédé les
objets de première nécessité : un couteau, un gobelet, un
peigne, de la ficelle, un briquet, une lampe électrique, du sucre et
du chocolat. Je suis redevable à ma chienne Dun de bien des minutes
d'oubli, son attachement m'a été doux. Enfin, je dois à mes
caducées et à mes brisques le prestige qu'il m'a fallu parfois
auprès des ignorants et des sots ».
Elle reste, dans les hôpitaux soignant des militaires blessés, en compagnie de sa fidèle chienne, jusqu'en octobre 1916. Afin que sa situation ne perdure, elle est nommée directrice de l'hôpital-école pour infirmières Édith Cavell. Le 6 juin 1919, elle est découverte morte à la suite d'un suicide.
Bien que non épuisé, mais introuvable pour des questions bien trop longues à expliquer en ces pages, le livre de Jean-Jacques Schneider, Nicole Mangin, une Lorraine au coeur de la Grande Guerre, paru en 2011, est l'unique ouvrage, destiné à un lectorat adulte, présentant la vie et le parcours de médecin militaire de Nicole Mangin.
Alain Chiron (spécialiste de la première guerre mondiale, du mouvement socialiste sous la IIIe république, de Clemenceau, de la bande dessinée historique et de littérature pour la jeunesse)
LE QUELLENEC (Catherine), Docteure à
Verdun, éditions Oskar, 2014, 87 pages
Disponible sur les sites de vente en
ligne et dans le rayon jeunesse des libraires.
Voir aussi les posts sur l'ouvrage de Jean-Jacques Schneider , Nicole Mangin, et celui sur le livre de Marc Morillon sur Le Service de santé en 1914-1918.
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