Autant les Américains et
les Britanniques ont su mettre en avant, en bien ou en mal, tant sur
le ton dramatique que comique, les femmes en temps de guerre ou en
uniforme des deux guerres mondiales (voir le livre d'Yvonne Tasker,
Soldiers' Stories: Military
Women in Cinema and Television since World War II),
autant les Français peinent à réaliser des films ou téléfilms
sérieux sur ces sujets. C'est regrettable mais la déception est
presque toujours au rendez-vous. La cause, une méconnaissance
flagrante des thèmes abordés et le peu d'intérêt marqué par les
chaînes de télévision et les quelques producteurs un peu curieux. Ces rôles prennent généralement une place
secondaire et quand ils représentent le sujet principal ils
s'éloignent inexorablement de la réalité pour des fictions parfois
franchement ridicules.
Nous
passerons sur Babette
s'en va-t-en guerre
de Christian-Jacque (1957) ; Lucie
Aubrac, de
Claude Berri (1997)
; La
Chambre des officiers,
de François Dupeyron (2001) ; Les
Femmes de l'ombre,
de Jean-Paul Salomé (2008), etc., pour nous arrêter sur deux
morceaux de pellicule, l'un pour le cinéma, Elles
étaient 12 femmes, sorti
en 1940, et
l'autre pour la télévision, Malgré
elles,
diffusé en 2012.
Elles
étaient douze femmes
Le
film d’Yves Mirande (scénario-dialogue) et Georges Lacombe
(réalisation), Elles
étaient douze femmes,
sorti le 17 avril 1940, conte, dans le genre de la comédie
dramatique à la française, l’histoire imaginaire de l’une de
ces œuvres d'entraide fondées pendant la Drôle de guerre :
«au
début de la guerre, quelques dames des plus huppées imaginent, lors
d'une descente à l'abri, de fonder une œuvre pour les soldats sans
famille. À cette occasion, elles décident d'entrer en relation avec
la riche madame Marion, qui n'est pas de leur monde et a mené une
vie légère. Cancans, potins, mesquineries, brouilles vont se
succéder. »
(Wikipédia)
Bien
qu'il s'agisse d'une fiction c'est un témoignage visuel et vivant
d’un état d’esprit à jamais disparu avec la défaite. On y
retrouve en tête d'affiche la toute jeune Micheline Presle qui n'en
est pas à son premier rôle au cinéma puisqu'elle a fait ses
classes en 1937 dans La
Fessée de
Pierre Caron. Notons aussi la présence de Gaby Morlay (madame
Marion), Françoise Rosay, Marion Delbo, Simone Renant, etc. René
Chateau a eu la merveilleuse idée d'éditer un DVD de ce film en
2013.
Malgré
elles
Dirigé
par Denis Malleval, réalisateur de deux épisodes de Joséphine
ange gardien
(Pour
l'amour d'un ange et La Tête dans les étoiles)
et écrit par Nina Barbier (documentariste) et Barbara Grinberg
(scénariste), Malgré
Elles,
réalisé en 2012, relate l'histoire de deux jeunes Alsaciennes de 17
ans, Alice et Lisette enrôlées de force par le service du travail
féminin du Reich (Reichsarbeitsdienst
der weiblichen jugend
ou RADwJ.).
L'une frondeuse, l'autre soumise.
Après
six mois dans un camp du RADwJ., où elles reçoivent une formation
nationale-socialiste brutale, du moins pour celles qui refusent de
s'y soumettre, elles sont affectées dans une usine d'armement comme
auxiliaires
de guerre (Kriegshilfdienst
des Reichsarbeitdienst/KHD)
pour une durée obligatoire de 6 mois.
Leur tâche... remplir des obus. A ce sujet, l'atelier ressemble plus
à l'arrière boutique d'une quincaillerie qu'à une usine
d'armement, mais passons. Une explosion survient et aussitôt les
autorités se tournent vers les deux jeunes Alsaciennes, victimes
toutes trouvées aussitôt suspectées de sabotage. On les menace
alors de les envoyer dans un camp de redressement. Mais pire encore
les deux jeunes filles sont expédiées dans un lebensborn.
Malgré elles est un téléfilm d'un tel manichéisme que les rapports humains frisent le ridicule. Les Allemandes s'apparentent à des chiennes de garde et les Alsaciennes à de petits moutons terrorisés par ces cerbères bipèdes. Les admirateurs de la déplorable série américaine Papa schultz (1965-1971) seront déçus, car « l'humour en noir et blanc» n'a pas de raison d'être ici, malheureusement. Quant au final façon Papy fait de la résistance ou La Chute, "les années ont passé revenons sur notre vécu"... Sans commentaire. L'excès dans cette peinture sans épaisseur, ni contraste, ne rend nullement justice aux Malgré elles, au contraire. Le jeu de l'excellente actrice qu'est Flore Bonaventura et des autres noms du casting (Macha Méril, Louise Herrero, etc.) est fade et sans saveur et n'arrive pas à relever un niveau déjà bien bas. Nombre de situations, surtout la partie relative au lebensborn, sont de l'ordre du pur fantasme. Comme nous pouvons le lire sur le site wikipédia cette improbable situation a provoqué une polémique bien légitime :
Malgré elles est un téléfilm d'un tel manichéisme que les rapports humains frisent le ridicule. Les Allemandes s'apparentent à des chiennes de garde et les Alsaciennes à de petits moutons terrorisés par ces cerbères bipèdes. Les admirateurs de la déplorable série américaine Papa schultz (1965-1971) seront déçus, car « l'humour en noir et blanc» n'a pas de raison d'être ici, malheureusement. Quant au final façon Papy fait de la résistance ou La Chute, "les années ont passé revenons sur notre vécu"... Sans commentaire. L'excès dans cette peinture sans épaisseur, ni contraste, ne rend nullement justice aux Malgré elles, au contraire. Le jeu de l'excellente actrice qu'est Flore Bonaventura et des autres noms du casting (Macha Méril, Louise Herrero, etc.) est fade et sans saveur et n'arrive pas à relever un niveau déjà bien bas. Nombre de situations, surtout la partie relative au lebensborn, sont de l'ordre du pur fantasme. Comme nous pouvons le lire sur le site wikipédia cette improbable situation a provoqué une polémique bien légitime :
« Le
9 octobre 2012, la chaîne de télévision France 3 diffuse en
première partie de soirée un téléfilm de fiction réalisé par
Denis Malleval intitulé Les Malgré-elles qui associe deux thèmes
qui n’ont aucun rapport : l’incorporation de force et les
Lebensborn.
La
documentariste Nina Barbier à l’origine du documentaire de 2009
explique que « Pour des raisons d’évolution dramatique du
récit, Alice et Lisette atterrissent là. C’est cohérent dans le
film, mais contraire à la vérité historique. Je me suis battue
contre la production et la chaîne, qui tenaient absolument à
mélanger les deux faits. Les pouponnières de SS-Kinder n’ont rien
à voir avec l’Alsace : elles ont été créées en Allemagne
pour des Allemandes ! ».
Hélène
Delale, la productrice qui a proposé le sujet à France 3,
reconnaît : « L’argument de départ était de raconter
la vie de ces très jeunes Alsaciennes, enrôlées dans l’effort de
guerre allemand. Mais il y a malheureusement eu ce rapprochement
parce que France Télévisions trouvait que le sujet des
« malgré-elles » ressemblait trop à un récit de STO,
et manquait de dramatisation et de rebondissements pour un téléfilm
de 90 minutes. On a donc eu l’idée de mélanger deux histoires
qui, historiquement, n’ont effectivement rien à voir ». »
(wikipédia)
Voilà,
ite missa est.
Note
: Malgré elles
est sorti en DVD en 2013.
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