En 1936, elle s'inscrit à la faculté d'histoire de l'université d'État de Kiev. La guerre d'Espagne lui fait prendre conscience que la guerre est inéluctable et qu'elle sera à sa porte un jour ou l'autre. Elle décide de reprendre des cours de tir au sein de l'organisation Osoaviakhim. Lioudmila s'avère être un excellent tireur, par ailleurs les armes sont devenues une passion. Son entrée à l'école de snipers de Kiev et sa rencontre avec Alexander Potapov, son instructeur, vont changer sa vie pour les années à venir. Lorsque l'Allemagne envahit la Russie en 1941, Lioudmila veut s'engager comme sniper, mais les militaires ne la prennent pas au sérieux. La plupart ne savent même pas ce qu'est un sniper. Heureusement après avoir servi un temps comme infirmière au front, on lui donne les moyens de faire ses preuves comme sniper. Blessée deux fois, la jeune femme qui compte pas moins de 309 « victoires », sert sur le front de Sébastopol et à Odessa. Son état d'esprit ressort dans ce court passage : « La haine fait apprendre beaucoup de choses. Elle m'a appris à tuer mes ennemis. Je suis un sniper. À Odessa et Sébastopol, j'en ai abattu 309 avec mon fusil à lunette. La haine a aiguisé ma vue et mon ouïe, m'a rendu plus attentive, m'as appris à me camoufler pour leurrer l'ennemi. La haine m'a appris à traquer les snipers ennemis patiemment pendant des heures. Assouvir une soif de vengeance est tout bonnement impossible. » Après des jours de convalescence suite à une seconde blessure, elle est retenue avec deux autres jeunes snipers pour faire partie de la délégation soviétique devant s'envoler pour les États-Unis. Outre les États-Unis, où Lioudmila se lie d'une amitié durable avec la première dame des États-Unis, Eleanor Roosvelt, la délégation se rend au Canada et en Grande-Bretagne, elle y rencontre Winston Churchill. À son retour en URSS, Staline, qui lors de son départ lui avait prêté un dictionnaire russe-anglais, refuse qu'elle retourne au front. Elle finit la guerre plus paisiblement qu'elle ne l'avait commencée.
Ce livre, très bien traduit, se lit avec délectation. Lioudmila est une merveilleuse compteuse. On vit les durs combats de Crimée avec elle comme si on s'y trouvait. Des pages très imagées qui décrivent ce qu'est la vie d'un sniper. La peur, le froid, la mort omniprésente et les duels avec les snipers allemands. L'auteur appelle encore les Allemands « les fascistes » comme c'était le cas à l'époque. Mais c'est la seule marque d'une idéologie révolue.
Ce qui nous a particulièrement intéressé, le fait que l'auteur décrive d'un manière technique le rôle de sniper : armes, armement, techniques de camouflage, méthodes de tir, etc. On sent son goût et sa parfaite maîtrise des armes, ce qui d'ailleurs permet de découvrir dans les moindres détails les armes en usage chez les Russes mais également chez les Allemands.
PAVLITCHANKO (Lioudmila), La Mort rouge, les mémoires de guerre d'un sniper de Staline, Overlord press, 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire