Mais laissons la parole à Patrick Rolland, ancien élève du Prytanée Militaire, qui a eu la bonne idée de rassembler ces textes qu’il a minutieusement sélectionnés.
“Comme je vous le disais, je viens de signer aux éditions Les Passionnés de Bouquins un ouvrage consacré au journal d’une infirmière bénévole de la Croix-Rouge engagée dans deux hôpitaux de l’arrière pendant les quatre années de la Grande guerre. Nous avons découvert avec surprise qu’il n’existait pas dans l'édition française d’autres journaux d’infirmières aussi complets et sur une aussi longue période de 51 mois. Séraphine Pommier a donné des soins à 762 malades et blessés ; elle a été décorée de la Croix de guerre et de la Palme d’or des infirmières.”
Dès la brutale invasion de la France en août 1914, les pertes sont élevées et le ministère de la Guerre, les services de Santé, la Croix-Rouge créent ensemble et dans l’urgence 1500 hôpitaux auxiliaires en application de plans établis dès 1903. Une jeune femme de la bourgeoisie lyonnaise se demande comment elle pourrait servir son pays envahi par les « Prussiens » : «Je sentis plus que jamais le besoin de me dévouer et de faire quelque chose» écrit-elle sur un cahier d'écolier. Elle est recrutée comme infirmière bénévole à l’hospice de Meximieux, dans l’Ain, devenu hôpital militaire, puis au lycée de garçons Ozanam à Lyon. Elle a la bonne idée de tenir de septembre 1914 à fin décembre 1918 un journal quotidien ; en effet, tout l’étonne dans ce métier nouveau pour elle : le brassage des Poilus venus de toutes la France et des colonies, la pharmacopée où se mêlent le vin aromatisé ou la pommade des Reclus et le Dakin qui vient d’être inventé, les prothèses de plus en plus élaborées pour les blessés, les concerts caritatifs et les loisirs dans les hôpitaux, les pénuries alimentaires, l’accueil des prisonniers, les visites aux blessés, les trains de réfugiés de la Croix-Rouge, etc. La figure héroïque du Poilu, les pieds dans la boue de sa tranchée, s’enrichit d’une autre réalité sous la plume bienveillante de Séraphine. «Le médecin soigne les blessures. Nous, nous soignons les hommes.» écrit-elle. Elle évoque, entre autres, de façon ironique les blessés. Par exemple, le 6 août 1916, elle écrit : "Le costume des soldats s’appelle « », quelle ironie ! C’est «multiforme» qu’il faudrait dire car chacun s’habille à sa fantaisie, on ne trouverait pas dans tout l’hôpital deux hommes mis de la même façon. Les coiffures à elles seules sont très variées : bonnets de police, bérets, képis bleus ou rouges, il y en a pour tous les goûts. Pouzet est parti en permission, superbe dans un costume kaki, Ragonnaud a couvert son pansement de tête du béret de Morel ; artilleurs, cuirassiers, chasseurs ou fantassins, il faudrait être bien malin pour s’y reconnaître."
Ces quelques passages contextualisés proposés et annotés par Patrick Rolland sont loin d’évoquer ce que l’on trouve dans le journal de Séraphine Pommier. Pour le découvrir plus en profondeur, nous vous invitons à l’acheter au plus vite.
Rolland (Patrick), Journal de Séraphine Pommier, infirmière pendant la Grande Guerre, 1914-1918, éditions les passionnés de bouquins, Craponne, 2021, 18,50 euros
Voir aussi :
Editeur Les Passionnés de Bouquins. http://www.les-passionnes-de-bouquins.com/journal-infirmiere-grande-guerre/
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