Il faut
remonter aux origines de la création du corps des spahis pour
trouver une particularité de recrutement. Vers 1840, le spahi vit
avec sa famille hors des quartiers (casernes) de cavalerie, sur des
terres plus ou moins éloignées. Il ne rejoint son corps qu'en cas
d'opération militaire. Mais cette possibilité ne dure pas, leur vie
quotidienne s'établit alors dans les quartiers prévus à cet effet,
tandis que leurs familles ne sont plus autorisées à les suivre lors
des déplacements.
Fatima se trouve à droite du cliché, sur le cheval à robe claire. Elle porte le turban. Image tirée du Miroir numéro 81 du dimanche 13 juin 1915. |
C'est en rassemblant quelques escadrons auxiliaires de
spahis Marocains que fut formé, en août 1914, le régiment de
marche de chasseurs indigènes à cheval. Celui-ci prit le nom de
régiment de marche de spahis marocains en 1915, nom qu'il conserve
jusqu'en 1920. En France, ce régiment participe à la bataille de la
Marne et se trouve engagé dans "la course à la mer" de
décembre 1914, puis envoyé en Macédoine au sein de l'armée
d'Orient. Il y est félicité pour le fameux raid sur Uskub (Skopje en
langue slave) de septembre 1918 qui empêche le repli d'une partie de
l’armée allemande venue aider Bulgares et Turcs.
Pendant la Grande Guerre, une femme d'Afrique du Nord se
prénommant Fatima sert dans un régiment de marche de spahis
Marocains. Déguisée en homme, en toute illégalité, afin de suivre
son amant (un lieutenant), elle s'introduit dans un transport de troupes à
destination de la France. Dans
l’ouvrage Un homme d’aventures, tome 1
d’Henri Dupertuis, l’auteur mentionne ce fait rapporté par son
père le général Dupertuis (alors lieutenant-colonel du régiment
concerné). Malgré son déguisement et, certainement,
la complicité d'autres spahis, elle est découverte à son arrivée
en métropole. Qu'à cela ne tienne, elle n'est pas renvoyée en
Afrique du Nord et se voit autorisée à demeurer avec les spahis le
temps de leur séjour en métropole. Elle participe aux combats
contre les Allemands, mais lorsque son régiment prend la direction
de l'Orient, en 1918, elle rentre vraisemblablement au Maroc.
La photo de Fatima à cheval se
situe au cours de la "course à la mer", fin
1914, lorsque, après la stabilisation du
front, les spahis furent employés comme escorte des prisonniers Allemands ou pour le convoyage du ravitaillement.
Auteur : Alain Chiron* (adaptation et corrections de Frédéric Pineau)
*Alain Chiron
est chroniqueur sur le site internet “Ceux de 14- Maurice Genevoix.
Son texte est composé à partir d’informations fournies par le
Musée des Spahis à Senlis (à qui appartient la photographie) et
par ailleurs d’un échange avec Thierry Moné auteur du livre Du
Burnous rouge au burnous bleu : les spahis du 1er
Marocains dans la Grande Guerre.
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