« Marie-Eve
Sténuit est née à Uccle, une commune de Bruxelles, le 15 mars
1955. Elle a étudié l’Histoire de l’Art et l’Archéologie à
l’Université Libre de Bruxelles, ville où elle réside
principalement aujourd’hui. Elle exerce la profession d’archéologue
et d’écrivain. Ses activités scientifiques l’ont conduite
pendant plus de vingt ans en Syrie, chaque année. Elle est également
co-directrice du GRASP (Groupe de Recherche Archéologique
Sous-Marine Post-Médiévale) créé par son père, Robert Sténuit.
Elle séjourne régulièrement en Indonésie, sur l’île de Bali,
par amour pour l’art et la culture... » (Source : IGGY Book)
L'auteur (DR) |
De
l’introduction de Femmes pirates : les écumeuses des mers,
on retiendra particulièrement :
« Les
femmes qui sont entrées en piraterie y sont venues pour les mêmes
raisons que les hommes : la cupidité ou la misère, la soif
d’aventures, la fuite d’un monde trop étroit pour leurs
expectations. (…) . Dans la majorité des cas, les femmes pirates
ont mené leur carrière dans l’anonymat, sous des noms d’emprunt
et dans des habits d’homme. En piraterie comme ailleurs, le genre
féminin fut bien souvent un handicap ».
L’ouvrage
de Marie-Eve Sténuit évoque donc longuement plusieurs destins de
femmes pirates qui opérèrent en divers océans : Alfhilde de
Gotland, Jeanne de Belleville, Lady Killigrew, Mary Read, Anne Bonny,
Rose Bregeon, Louise Antonini, Julienne David, Chingh Yih Saou, Laï
Cho San, Marie-Anne Dieuleveult, Maria Cobham, Mesdames Pease
n°1 et Pease n°2.
D’autres
figures émergent avec des développements plus courts dont l’un
rappelle le sort tragique des boat-peoples vietnamiens à la fin des
années 1970.
Par
ailleurs, certaines d’entre-elles ont été prétextes à des
fictions comme Jeanne de Belleville (un roman historique par Élie
Durel, publié en 2018) ou Chingh Yih Saou soit en pinyin Cheng I Sao
et avec les idéogrammes 鄭一嫂
(une
BD en six tomes Shi Xiu, reine des pirates, parue tout au long
des années 2010). Cette dernière est le personnage principal du
film, sorti au cinéma en décembre 2004, En chantant derrière
les paravents du réalisateur italien Ermanno Olmi.
Alfhilde
de Gotland est une femme légendaire (et l’auteur ne prend pas le
risque de dater les aventures qui auraient pu arriver à cette
Scandinave) qui n’est historiquement évoquée que dans une source
unique tardive du XIIIe siècle,
la Gesta
Danorum
du moine Saxo Grammaticus. Le récit de la vie de cette princesse
rappelle qu’il y avait des combattantes sur les drakkars. « En
885, lorsque plus de sept cents bateaux remontèrent la Seine jusqu’à
Paris, mille femmes environ se trouvaient parmi les guerriers ».
D’autre part, on sait que «
des Skoldjmoer ou vierges au bouclier combattirent sur mer à la
bataille de Bravalla qui opposa, vers 735, les grands chefs danois et
suédois ».
Jeanne
de Belleville est une femme originaire du Bas-Poitou qui a épousé
le Breton Olivier IV de Clisson. Sur ordre du roi de France Philippe
V, le mari de Jeanne de Belleville est tombé dans un piège et a été
traîtreusement exécuté. Cette dernière arme trois navires afin de
s’attaquer aux bateaux de commerce français. On est alors à
l’époque de la guerre des deux Jeanne, un conflit de succession ,
touchant le duché de Bretagne, qui dure de 1341 à 1364, alors
que Jeanne de Belleville est du côté du prétendant soutenu par les
Anglais, du Guesclin réalise ses premiers exploits guerriers dans le
camp adverse. « Au grand maximum, son activité de pirate a
duré un an, de l’automne 1343 à fin 1344, probablement moins,
mais ces quelques mois suffirent à la faire entrer dans
l’Histoire ».
Lady
Killigrew, Mary Read, Anne Bonny sont des Anglaises qui vécurent au
XVIIe ou au début du XVIIIe siècle. La première fut sûrement plus
receleuse que pirate. La seconde avait été soldat dans l’armée
britannique lors de la guerre de Succession d’Espagne, avant de
devenir pirate aux côtés d’Anne Bonny dans l’équipage de John
Rackham. Rose Bregeon, native de Saint-Malo, fut corsaire dans les
années 1770. Louise Antonini était la fille d’un patriote corse
qui avait combattu aux côtés de Pascal Paoli (figure de l'indépendance Corse) ; corsaire, elle est
faite prisonnière aux Antilles par les Anglais. Après un séjour
forcé au Royaume-Uni, elle rentre en France et devient soldat des
armées de la Révolution et de l’Empire. On voit à travers ces
exemples que se côtoient des figures connues et d’autres sorties
de l’ombre.
On
apprécie que le cas de deux Chinoises soit évoqué, Chingh Yih Saou
et Laï Cho San. Ces deux-là opérèrent à un siècle de distance
et la seconde a servi de modèle pour la Femme dragon, l'un des
personnages de la série Terry et les pirates de Milton
Caniff. L’iconographie est limitée à des cartes géographiques
permettant de voir dans quel secteur maritimes agirent ces femmes
pirates ou corsaires.
STENUIT
(Marie-Ève),
Femmes pirates : les écumeuses des mers,
éditions du Trésor, 2015, 185 pages.
Alain
CHIRON
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