mercredi 9 avril 2025

NOUVEAUTE LIVRE : Christophe THOMAS, LES MARRAINES DE GUERRE (Mots-clés : Grande Guerre, première guerre mondiale, filleuls, marraines)

Les marraines de guerre étaient de jeunes filles et femmes de tous profils sociaux et culturels animées de sentiments louables et d’une certaine fibre patriotique qui se proposaient, à compter de 1915, d’apporter un soutien épistolaire aux combattants « sans famille ». Ce soutien, se doublait d’envois de colis, qu’accompagnait parfois une photo de la marraine. Les liens ne seront pas seulement épistolaires puisque certains filleuls rencontreront leurs marraines.



Mais dès l’année 1916 l’image de la marraine se ternit. « L’Eglise, les moralisateurs et d’autres y voient de simples femmes légères à la recherche d’aventures contraires aux bonnes mœurs, et même, pour les plus virulents, de viles prostituées. » L’armée n’est pas en reste, puisqu’elle aussi y va de son couplet moralisateur, craignant même la présence d’espionnes dans les rangs des marraines.

Malgré ces attaques, l’initiative des marraines se maintiendra jusqu’à la toute fin de guerre. Notons qu’il reprendra durant la Drôle de guerre en 1939-1940, mais dans une moindre mesure.

Ce thème n’avait pas été traité depuis 1951. Les rares références sont Henriette de Vismes, Histoire authentique et touchante des marraines et des filleuls de guerre, Perrin, 1918 et Guillaume Apollinaire, Lettres à sa marraine, Gallimard, 1951. Notons enfin qu’en 2024 est paru le livre d’Aliénor Gandanger, Adopte un soldat ! Correspondances de marraines de guerre, éditions du Mauconduit.

Les Marraines de guerre  de Christophe Thomas est, en quelque sorte, une compilation de citations.  Or, ce qu’il faut savoir, c’est que nombre de « lettres » de poilus ou de marraines dans la presse d’époque ne sont pas toujours le fait de ces derniers, mais bien de la rédaction qui écrit ce que le lecteur veut lire et entendre à la sauce patriotique et quelque peu mièvre. Seuls, véritablement, les correspondances manuscrites et vérifiées, selon nous, font foi.

Sinon, difficile de dire si l’on peut considérer Clotilde Bizolon (1871-1940) comme une marraine de guerre, à la différence de Marie Sautet (1859-1937), la « marraine des poilus », dont l’activité tout entière fut consacrée à venir en aide aux poilus, au point d’en perdre toutes les ressources du ménage.

 

THOMAS (Christophe), Les Marraines de guerre, Bayeux, OREP éditions, 2025