Françaises sous l'uniforme est un site consacré presque exclusivement aux Françaises en guerre ou dans la défense nationale, du second empire jusqu'à la 5e république. Notre ambition ? Vous faire découvrir des livres et des expositions sur ce sujet ; mais aussi partager nos savoirs avec vous. Originalité ou non, de temps à autre, nous invitons un pays pour nous donner un plus large horizon. Pour ne rien vous cacher, nous espérons vivement que vous contribuerez à la vie du blog.
samedi 16 juillet 2016
dimanche 26 juin 2016
LIVRE : ANTELME (Sandy), 1940-1944 SE CHAUSSER SOUS L'OCCUPATION (Mots-clés : mode, Occupation, Libération, chaussures)
Nous avions parlé de la mode sous
l'Occupation lors de deux précédents messages. Nous constations
d'ailleurs le retard de la France dans ce domaine en comparaison des
pays anglo-saxons. Le Ciel semble nous avoir entendu puisque un
merveilleux ouvrage vient de paraître aux éditions Libel.
L'idée vient du musée des Métiers de la chaussure qui, dans
son projet, s'est vu soutenu par de nombreux mécènes.
En 1941 l'Allemagne enjoint la France
de livrer 6 millions de paires de chaussures soit « 2,9
millions de paires de chaussures et 2 millions à titre de bons pour
les services de la wehrmacht ainsi que 575000 paires de chaussures
pour homme et 525000 paires de chaussures de ville pour femme. »
Ce chiffre considérable est d'autant plus contraignant que la France
de 1940 produit difficilement 8 à 10 millions de paires de
chaussures. Et que par ailleurs il faudra continuer à chausser tant
bien que mal les Français.
A cela il faut ajouter la fermeture de
nombreux commerces juifs liés à la profession, les limitations
imposées au secteur de la chaussure et la faillite de commerces spécialisés pour cause de raréfaction des matières nécessaires
à leur confection.
La création par l'Etat français du marché des
« chaussures nationales », chaussures civiles,
économiques et abordables financièrement, destinées avant tout aux personnes à
faible revenu et aux travailleurs, n'est qu'une goutte d'eau qui est
loin de régler le problème auquel la France doit faire face.
Les fabricants font donc avec les
moyens du bord. On en revient ainsi aux bonnes vieilles galoches, chaussures peu élégantes à semelles de
bois mais pratiques quand il n'y a rien d'autre à chausser. Tout est bon pour confectionner : raphia, pneus, chaussures à
semelles de bois articulées, sisal, chanvre, cuirs exotiques
(serpent, lézard, crocodile, etc.). On mobilise tous les matériaux
hors rationnement : synderme, rabanne, etc. Les particuliers se
lancent eux aussi dans la fabrication de chaussures parfois avec l'aide de
revues de mode qui distillent leurs bons conseils, mais la qualité n'est pas toujours au rendez-vous.
Et comme si tout cela n'était qu'une vaste
farce, à la Libération, les chaussures se parent de couleurs chatoyantes, dont l'inspiration vient des drapeaux des forces alliées victorieuses (URSS, France, USA, Grande-Bretagne). Mais les pénuries dureront encore longtemps après guerre, jusqu'au tout début des années 50.
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Collection du musée de la chaussure, photographie
© Olivier Rahard
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Collection du musée de la chaussure, photographie © Olivier Rahard |
C'est toute cette histoire que raconte
le livre de Sandy Antelme, livre qui bénéficie d'une préface de
Dominique Veillon (l'auteur (sans E !) de La Mode sous l'Occupation,
ouvrage précurseur s'il en est). L'iconographie en couleur est majoritairement
issue du musée des Métiers de la chaussure. Les fonds Neuville
(magasin « Les Chaussures d'Aurore ») et Chauvin du musée
sont d'une rare qualité puisque provenant de fonds de magasins de
chaussures. Leur présentation au côté des boîtes à chaussures d'origine est merveilleux. Tout comme la présentation de tickets et de bons de rationnements pour chaussures, de registres de cordonnerie,
etc.
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Collection du musée de la chaussure, photographie © Olivier Rahard |
L'iconographie d'époque est peu connue
et colle spécifiquement au sujet, les photos de chaussures et autres
natures mortes sont d'une extrême qualité et le fruit du travail du photographe Olivier Rahard.
Pour une réussite, s'en est une.
1940-1944, se chausser sous l'occupation est sans nul doute le
meilleur ouvrage dans le domaine de la mode sous l'occupation. Un
livre à retrouver sur l'une des étagères de votre
bibliothèque. Son prix très bas en fait plus encore un beau « paquet
de feuilles » bien attractif.
Editions Libel, Lyon
www.editions-libel.fr
Livre disponible en librairie et sur les sites de vente en ligne.
dimanche 22 mai 2016
Insignes : Sections sanitaires automobiles féminines (SSA) (Mots-clés : conductrices, ambulancières, drôle de guerre)
Voici deux beaux et rares insignes que
nous pouvons attribuer aux Sections sanitaires automobiles féminines
(SSA). Ces insignes ont sans doute été portés en juin 1940, par la
section de Normandie des SSA, peut-être après.
Nous recherchons donc une photo qui
nous montrerait ces deux insignes effectivement portés et qui
donnerait ainsi du sens à nos assertions.
En espérant que l'un ou l'une de vous
sera en mesure de nous aider.
Merci.
samedi 20 février 2016
LIVRE : CAILLARD (Sylvie), L'ELEGANCE 1940-1945 (Mots-clés : mode, costume, occupation, Libération)
Alors que les pays anglo-saxons ont
développé une abondante littérature, souvent en images, sur la
mode et ses accessoires durant la seconde guerre mondiale, la France,
elle, est à la traine, comme toujours devrions-nous dire. Les
ouvrages sur le sujet se comptent d'ailleurs sur les doigts de la
main. Catalogues d'expositions, comme Elégance et système D,
ou encore ouvrage traduit de l'anglais à l'exemple de La Mode des
années 40 de Jonathan Walford. Cet ouvrage parle de la mode dans
certains pays européens et extra-européens, mais peu de la France.
Au final de rares informations sur le sujet.
L'Elégance, 1940-1945 est donc
une courageuse initiative, plutôt réussie, qui vient combler ce
vide sidéral. Au fil de ces 176 pages, Sylvie Caillard, l'auteur,
donne un aperçu en couleur détaillé de la mode sous l'occupation,
grâce aussi à la présentation des tenues sur des mannequins
vivants. Pour cela, elle s'est appuyée sur l'abondante production
des magazines et de catalogues d'époque : Mode et travaux,
Marie Claire, Femmes françaises, etc.
« La première partie est consacrée
à la garde robe, de la blouse aux manteaux en passant par le
tailleurs.
Dans un second temps, les
accessoires sont abordés ; chapeaux, chaussures, lingerie, sacs et
bijoux. Pour conclure, la troisième partie traite la mise en beauté
: le maquillage et la coiffure. »
Ces pages sont bien construites et ne
sont pas seulement une suite de vêtements. Le texte de soutien donne
une seconde vie aux tenues présentées. Et des photos d'époque
ainsi que des visuels tirés de la presse contemporaine l'accompagne.
Les passages sur les tissus et matières utilisées pour la
confection font partie des points les plus positifs de ce livre.
Toutefois, il est dommage que l'ouvrage
n'ait pas commencé en 1939-1940 avec la Drôle de guerre. Des mois
si riches en matière de mode de temps de guerre et d'imagination. Il
nous aurait aussi semblé important que les sources soient complétées
d'une bibliographie même succincte. Enfin, le chapitre sur les
insignes patriotiques de la Libération aurait demandé à être plus
fouillé. A ce sujet, on ne peut dire que l'insigne du sacré coeur
de Jésus soit représentatif des journées de la Libération, mais
plus de la Grande Guerre ou de la Drôle guerre.
Pourvu d'une accueillante et élégante
mise en page, L'Elégance, est une bonne approche du sujet. Il
ravira tant les amoureux du costume que les adeptes de l'histoire
vivante. Un ouvrage à posséder.
CAILLARD (Sylvie), L'Elégance,
1940-1945, Paris, Histoire et Collection, 2015
Livre disponible sur tous les sites de vente en ligne, en librairie et sur le site d'Histoire et collection.
dimanche 1 novembre 2015
Livre : Maryline Martin, L'Horizon de Blanche (Mots-clés : infirmière, Grande Guerre, arrière)
Maryline Martin, l'auteur du livre Les
Dames du chemin, a cette qualité de savoir recevoir son lecteur
et de le mener avec grâce dans les univers qu'elle a recréés, à
savoir celui de l'Arrière au cours de la Grande Guerre.
Le monde féminin, la guerre, la
Croix-Rouge française, les infirmières et le féminisme sont les
poutres porteuses de ce roman de bonne grâce, répétons le. En
quelques lignes : « Des hommes et des femms, séparés – ou
réunis – par la guerre, s'aiment, se déchirent, espèrent, se
désespèrent ».
Le livre est bien documenté et
pourrait laisser penser qu'il fut écrit par un quelconque
contemporain de la première guerre mondiale, mais il n'en est rien.
Mayline Martin est pourtant bien de notre siècle. Il est un peu
conventionnel, un peu (beaucoup) à l'eau de rose, mais nul besoin de
dire que ceux qui n'auront jamais lu ou parcouru un témoignage sur
cette époque pourront à défaut se rabattre sur ce bon roman guidé
par Blanche, Marguerite, Louis, et les autres.
Maryline Martin, L'Horizon de Blanche,
Paris, éditions Glyphe, 12 €
samedi 25 juillet 2015
Les Berbères s'invitent : La princesse Kahena, une « Jeanne d'Arc » berbère (Mots-clés : khalifat, berbère, berbères)
La divine Kahena face au Khalifat de Eliane Bonafos relate le destin tout à la fois tragique et héroïque de la princesse amazigh (berbère) Kahena qui après la mort de Koceila Thabet (en 686), chef de la tribu berbère Awraba et de la confédération des Sanhadja, se mit à la tête des tribus berbères qui s'opposaient à l’invasion de leurs terres par les Arabes.
Après La
bataille des chameaux en 695, les troupes du Calife sont repoussées
jusqu’en Tripolitaine. Notons que les Byzantins, dans ce
qu’ils appellent l’exarchat de Carthage (ils ont repris tout
l’espace côtier aux Vandales), vont mener un certain temps un
combat parallèle au sien contre les envahisseurs musulmans.
Toutefois, le général
Hassan-Ibn-Numan ne se désespère pas, bénéficiant d’un
constant renouvellement de ses troupes. En 702 la Kahena, faite
prisonnière par Hassan-Ibn-Numan, est décapitée. Son corps est
jeté dans un puits proche. Les lieux prendront le nom de Puits de
la Kahena (Bir El Kahéna) Khenchela. Non loin de là à Kenchela
près de Baghai (où elle résidait très souvent) est installée
depuis 2003 sa statue (le visage s’inspire de pièces de monnaie à
son effigie). Ce personnage, dont on ignore la religion précise,
bien que certains historiens médiévaux la donnent comme de
confession juive a vu sa place d’héroïne se construire au temps
de la colonisation française. Elle figurait dans les manuels
d’histoire en usage dans les écoles d’Algérie et de Tunisie
dépendant des autorités françaises. Il est amusant de noter qu'à l'exemple de Jeanne d’Arc toutes deux furent accusées de sorcellerie
par leur adversaire.
Voilà donc avec La
divine Kahena face au Khalifat un ouvrage
qui consacre la moitié de son espace au récit de la vie de la
Kahena. Il apporte non seulement des informations diverses autour
d’elle mais dresse aussi une histoire du
peuple berbère. Nous pouvons regretter que dans ce livre d’histoire l'auteur reste très vague quant à la temporalité, et principalement
pour ce qui concerne la vie de la Kahena. De plus, le choix des
dates pour certains évènements, comme la mort de l’héroïne et
de Koceila se fait avec deux ans de décalage sur ce qui est
communément admis. En matière de littérature pour la jeunesse, il
existe trois autres romans historiques, dont nous donnons ici les
références.
BONAFOS
(Eliane), La Divine Kahena face au Khalifat,
Les Presses du Midi, 2014
A lire aussi
:
OUFKIR
(Raoul ), L’impératrice des songes
(2 tomes), Flammarion, 2010
LE GUEN
(Laurence), Kahina, reine des berbères,
Yomad, 2011
SAUTY DE CHALON (Christine), Princesse Kahina, la Jeanne d'Arc des Aurès, Godefroy de Bouillon, 1996
Alain Chiron
mercredi 15 juillet 2015
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