Nous présentons dans ce dernier post
un phénomène connu par le passé sous le vocable de reconstitution
et qui aujourd'hui a pris celui d'histoire vivante. Majoritairement
masculine cette mouvance c'est féminisée depuis une dizaine
d'années. Nous avons tenu a donner la parole à l'association, la
plus sérieuse et la plus représentative, Les Filles de la DB
qui, mieux que nous, présenteront l'histoire vivante au féminin
vécue de l'intérieur, son évolution et ses perspectives. La parole
est à vous Pauline Brunet...
69e
Anniversaire de la Libération de Paris, août 2013. (photo Les
Filles de la DB)
|
Bonjour Pauline Brunet, pouvez-vous vous présenter et nous expliquer ce qu'est l'histoire vivante ?
L’histoire
vivante est une activité qui vise à représenter une période
historique choisie et ainsi se rapprocher de la réalité. Cela passe
donc par les uniformes, le matériel, les véhicules…
Cette
activité, qui se révèle vite devenir une passion, permet, lorsque
cela est fait devant un public, de donner vie à ce que nous avons pu
lire ou ce que nous connaissons d’une période par exemple.
L’histoire vivante permet de faire un « voyage dans le
passé » en quelque sorte !
Pourquoi
cet intérêt ?
Les
intérêts pour cette activité sont divers. Il s’agit d’abord
d’un choix personnel qui se construit grâce au milieu familial (un
membre de la famille est dans le milieu, un grand-père a fait la
guerre…).
L’amour pour l’Histoire est aussi un facteur clé. En souhaitant faire perdurer ces périodes, on participe au "devoir de mémoire". En effet, la plupart des reconstituants souhaitent rendre hommage aux Anciens combattants ou juste comprendre comment les Français vivaient à telle époque.
L’amour pour l’Histoire est aussi un facteur clé. En souhaitant faire perdurer ces périodes, on participe au "devoir de mémoire". En effet, la plupart des reconstituants souhaitent rendre hommage aux Anciens combattants ou juste comprendre comment les Français vivaient à telle époque.
Un
des intérêts qui me pousse à faire de l’histoire vivante reste
toute la partie « recherche ». Selon moi, il est
nécessaire pour bien représenter quelque chose de faire des
recherches, chiner … Tout cela dans l’optique de restituer un
savoir de qualité auprès du public lors des manifestations.
Un
autre élément important selon moi réside dans le melting-pot que
l’histoire vivante créé. En effet, cela rassemble des personnes
de tous les horizons : étudiants, chefs d’entreprises,
intermittents du spectacle, des jeunes, des moins jeunes…
Camp
organisé pour l’inauguration d’une borne 2e DB à
Cossé-en-Champagne, septembre 2013. (photo Les Filles de la DB)
|
Peut-on
dire qu'il existe une histoire vivante au féminin ?
Les
femmes ont toujours plus ou moins été présentes lors des
manifestations. Malheureusement, un trop grand nombre ne faisait
qu’accompagner un mari ou un ami et il n’y avait aucune recherche
en amont. Quelques questions techniques et on pouvait facilement se
rendre compte que la personne ne maîtrisait pas son sujet !
De
rares groupes (comme Casques
& Rouges-à-lèvres,
spécialisé dans la reconstitution d’un hôpital de campagne
américain pendant la seconde guerre mondiale) ont bataillé contre
cette tendance…
Est-elle
différente de celle vécue au masculin ? Comment réagit le public ?
Je
ne crois pas que cela soit véritablement différent de la
reconstitution historique masculine : sur le fond, nous avons
tous la même passion pour la période que nous représentons.
Ce
n’est que la forme qui change. Les femmes vont bien évidemment
s’intéresser en premier aux unités féminines dans l’armée, au
médical, à la vie civile, la mode, les coiffures, le maquillage
plutôt qu’aux différents modèles de fusils mitrailleurs par
exemple ! Mais ne soyons pas trop généralistes, il existe
évidement des femmes qui s’intéressent à la mécanique (dont je
fais partie !), aux armes…
Sur
les camps, il est évident que la présence de femmes change tout de
suite l’atmosphère : elle devient soudainement moins
« grivoise » ! Il est également intéressant de
remarquer qu’étant peu nombreuses, nous devenons instinctivement
le centre de toutes les petites attentions. Comme à l’époque en
quelque sorte !
Quant
à l’accueil du public, il est toujours très favorable et cela est
très encourageant. Les gens sont toujours très curieux de voir des
femmes sur les camps et n’hésitent pas à poser de nombreuses
questions. De plus, la mode et le style des années 40 sont tellement
caractéristiques et dégagent un charme qui parle encore de nos
jours.
Photo prise lors d'une sortie de préparation à la Libération de Paris, juillet 2013. (photo les filles de la DB) |
Je
crois que vous constituez maintenant une association, quel est votre
objectif ?
Les
Filles de la DB
est à l’origine un site internet consacré aux ambulancières de
la 2e
division blindée du général Leclerc et j’ai effectivement décidé
de créer l’association Les
Filles de la DB
(loi de 1901).
Pour
l’instant, nous sommes 8 avec un véhicule (mon Dodge WC54 restauré
et aux couleurs des Rochambelles).
L’objectif
principal est de regrouper les femmes animées par la même passion
pour ces ambulancières afin de participer à des sorties ensemble,
échanger des informations, organiser des cérémonies d’hommages…
Les
hommes seront également les bienvenus mais ses membres devront
représenter le 13e
bataillon médical de la 2e DB, encore trop méconnu selon moi.
Quelle
est l'activité d'une année ?
Les
activités sont variées : nous participons à des
manifestations multi-époques comme Sully-sur-Loire. C’est une
occasion de rencontrer d’autres groupes de différentes époques et
de faire découvrir notre période. Cela sera une première pour le
groupe !
En général, nous participons également à des sorties entièrement dédiées à la seconde guerre mondiale ou encore à des inaugurations de bornes, monuments toujours en lien avec la 2e DB.
L’année 2014 risque d’être riche en sorties puisqu’il s’agit du 70e anniversaire de la Libération.
En général, nous participons également à des sorties entièrement dédiées à la seconde guerre mondiale ou encore à des inaugurations de bornes, monuments toujours en lien avec la 2e DB.
L’année 2014 risque d’être riche en sorties puisqu’il s’agit du 70e anniversaire de la Libération.
D’ailleurs,
je participe à l’élaboration du 70e
anniversaire de la Libération de Paris qui aura lieu sur plusieurs
jours, où les Rochambelles, et pour la première fois, les
Marinettes seront représentées.
L'histoire
vivante au féminin, une histoire récente ? Etes-vous la seule
association en France ?
L’histoire
vivante au féminin est une histoire plus ou moins récente. Si l’on
considère cela comme la simple présence de femmes lors de
manifestations, alors non. Mais si cela signifie faire un véritable
travail de recherches afin de maîtriser le sujet que l’on souhaite
représenter, alors je pense que c’est un peu plus récent. Les
Filles de la DB
est la première association (loi 1901) consacrée aux Françaises,
en France du moins.
(photo Les Filles de la DB) |
(Photo Les Filles de la DB) |
Avez-vous
des liens avec des associations soeurs comme celles qui se
rencontrent au Royaume-Uni, en Suisse ou aux Etats-Unis d'Amérique ?
La
reconstitution est bien plus développée aux Etats-Unis ou encore au
Royaume-Uni. Les groupes de reconstituions entièrement constitués
de femmes y sont plus nombreux. Je suis d’ailleurs en contact avec
des Anglaises qui représentent les ambulancières du Groupe
Rochambeau et qui viennent souvent en France lors des cérémonies du
6
juin,
en Normandie !
Un
très bon site internet Blitzkrieg
Baby
permet de se rendre compte des différentes associations féminines
partout dans le monde !
Vous
faites preuve de beaucoup de rigueur dans vos reconstitutions, ce qui
n'est malheureusement pas le cas de beaucoup de femmes liées à
l'histoire vivante.
La
rigueur est selon moi l’un des éléments clés dans la
reconstitution. J’ai commencé à faire des recherches dès l’âge
de 13 ans avant de me lancer véritablement dans la reconstitution
historique à proprement parlé. Je souhaitais « connaitre »
ses femmes, leur histoire, leurs uniformes, le matériel utilisé
avant d’être confrontée au public et aux spécialistes.
Je
trouve cela beaucoup plus intéressant et motivant.
Quoi
de plus gratifiant que d’apprendre au public que oui, il y avait
bien des femmes et Françaises, en première ligne !
(photo Les Filles de la DB) |
Pourquoi
ce choix des Rochambelles et des Marinettes ?
Depuis
toute petite, je suis au contact
de
la seconde guerre mondiale par l’intermédiaire de films, livres,
ou encore mes nombreuses vacances en Normandie. En effet, mon père
est passionné par cette période et plus particulièrement de la
division du général Leclerc. Au cours d’une de ses lectures, il
m’a fait part de la présence de femmes au sein de cette division :
il s’agissait des « Marinettes ». La présence de ces
femmes attisa ma curiosité. Leur petit nombre (9 seulement) donnait
un côté plus « humain » ; il me semblait plus
facile de savoir qui elles étaient, pourquoi elles s’étaient
engagées et quand…
J’ai
donc mené des recherches sur internet mais sans grand résultat.
C’est ainsi que j’ai décidé de m’y intéresser de plus près.
De fil en aiguille, j’ai glané des informations et j’ai eu la
chance de rencontrer des "anciennes". C’est ainsi qu’en
2005, j’ai voulu partager mes recherches pour que ces femmes
obtiennent enfin toute la reconnaissance qu’elles méritent mais
également pour aider les personnes qui, comme moi, cherchaient des
informations : le site Les Filles de la DB était né.
Nous remercions vivement Pauline Brunet et les membres de l'association Les Fille de la DB d'avoir répondu à nos questions.
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