vendredi 10 janvier 2014

Parole à : Pauline Brunet de l'association d'histoire vivante LES FILLES DE LA DB (Mots-clés : seconde guerre mondiale, Marinettes, Rochambelles, conductrices, ambulancières)


Nous présentons dans ce dernier post un phénomène connu par le passé sous le vocable de reconstitution et qui aujourd'hui a pris celui d'histoire vivante. Majoritairement masculine cette mouvance c'est féminisée depuis une dizaine d'années. Nous avons tenu a donner la parole à l'association, la plus sérieuse et la plus représentative, Les Filles de la DB qui, mieux que nous, présenteront l'histoire vivante au féminin vécue de l'intérieur, son évolution et ses perspectives. La parole est à vous Pauline Brunet...

69e Anniversaire de la Libération de Paris, août 2013. (photo Les Filles de la DB)


Bonjour Pauline Brunet, pouvez-vous vous présenter et nous expliquer ce qu'est l'histoire vivante ?

L’histoire vivante est une activité qui vise à représenter une période historique choisie et ainsi se rapprocher de la réalité. Cela passe donc par les uniformes, le matériel, les véhicules…
Cette activité, qui se révèle vite devenir une passion, permet, lorsque cela est fait devant un public, de donner vie à ce que nous avons pu lire ou ce que nous connaissons d’une période par exemple. L’histoire vivante permet de faire un « voyage dans le passé » en quelque sorte !

Pourquoi cet intérêt ?

Les intérêts pour cette activité sont divers. Il s’agit d’abord d’un choix personnel qui se construit grâce au milieu familial (un membre de la famille est dans le milieu, un grand-père a fait la guerre…).
L’amour pour l’Histoire est aussi un facteur clé. En souhaitant faire perdurer ces périodes, on participe au "devoir de mémoire". En effet, la plupart des reconstituants souhaitent rendre hommage aux Anciens combattants ou juste comprendre comment les Français vivaient à telle époque.
Un des intérêts qui me pousse à faire de l’histoire vivante reste toute la partie « recherche ». Selon moi, il est nécessaire pour bien représenter quelque chose de faire des recherches, chiner … Tout cela dans l’optique de restituer un savoir de qualité auprès du public lors des manifestations.
Un autre élément important selon moi réside dans le melting-pot que l’histoire vivante créé. En effet, cela rassemble des personnes de tous les horizons : étudiants, chefs d’entreprises, intermittents du spectacle, des jeunes, des moins jeunes…

Camp organisé pour l’inauguration d’une borne 2e DB à Cossé-en-Champagne, septembre 2013. (photo Les Filles de la DB)


Peut-on dire qu'il existe une histoire vivante au féminin ?

Les femmes ont toujours plus ou moins été présentes lors des manifestations. Malheureusement, un trop grand nombre ne faisait qu’accompagner un mari ou un ami et il n’y avait aucune recherche en amont. Quelques questions techniques et on pouvait facilement se rendre compte que la personne ne maîtrisait pas son sujet !
De rares groupes (comme Casques & Rouges-à-lèvres, spécialisé dans la reconstitution d’un hôpital de campagne américain pendant la seconde guerre mondiale) ont bataillé contre cette tendance…

Est-elle différente de celle vécue au masculin ? Comment réagit le public ?

Je ne crois pas que cela soit véritablement différent de la reconstitution historique masculine : sur le fond, nous avons tous la même passion pour la période que nous représentons.
Ce n’est que la forme qui change. Les femmes vont bien évidemment s’intéresser en premier aux unités féminines dans l’armée, au médical, à la vie civile, la mode, les coiffures, le maquillage plutôt qu’aux différents modèles de fusils mitrailleurs par exemple ! Mais ne soyons pas trop généralistes, il existe évidement des femmes qui s’intéressent à la mécanique (dont je fais partie !), aux armes…
Sur les camps, il est évident que la présence de femmes change tout de suite l’atmosphère : elle devient soudainement moins « grivoise » ! Il est également intéressant de remarquer qu’étant peu nombreuses, nous devenons instinctivement le centre de toutes les petites attentions. Comme à l’époque en quelque sorte !
Quant à l’accueil du public, il est toujours très favorable et cela est très encourageant. Les gens sont toujours très curieux de voir des femmes sur les camps et n’hésitent pas à poser de nombreuses questions. De plus, la mode et le style des années 40 sont tellement caractéristiques et dégagent un charme qui parle encore de nos jours.

Photo prise lors d'une sortie de préparation à la Libération de Paris,
juillet 2013. (photo les filles de la DB)

Je crois que vous constituez maintenant une association, quel est votre objectif ?

Les Filles de la DB est à l’origine un site internet consacré aux ambulancières de la 2e division blindée du général Leclerc et j’ai effectivement décidé de créer l’association Les Filles de la DB (loi de 1901).
Pour l’instant, nous sommes 8 avec un véhicule (mon Dodge WC54 restauré et aux couleurs des Rochambelles).
L’objectif principal est de regrouper les femmes animées par la même passion pour ces ambulancières afin de participer à des sorties ensemble, échanger des informations, organiser des cérémonies d’hommages…
Les hommes seront également les bienvenus mais ses membres devront représenter le 13e bataillon médical de la 2e DB, encore trop méconnu selon moi.

Quelle est l'activité d'une année ?

Les activités sont variées : nous participons à des manifestations multi-époques comme Sully-sur-Loire. C’est une occasion de rencontrer d’autres groupes de différentes époques et de faire découvrir notre période. Cela sera une première pour le groupe !
En général, nous participons également à des sorties entièrement dédiées à la seconde guerre mondiale ou encore à des inaugurations de bornes, monuments toujours en lien avec la 2
e DB.
L’année 2014 risque d’être riche en sorties puisqu’il s’agit du 70
e anniversaire de la Libération.
D’ailleurs, je participe à l’élaboration du 70e anniversaire de la Libération de Paris qui aura lieu sur plusieurs jours, où les Rochambelles, et pour la première fois, les Marinettes seront représentées.

L'histoire vivante au féminin, une histoire récente ? Etes-vous la seule association en France ?

L’histoire vivante au féminin est une histoire plus ou moins récente. Si l’on considère cela comme la simple présence de femmes lors de manifestations, alors non. Mais si cela signifie faire un véritable travail de recherches afin de maîtriser le sujet que l’on souhaite représenter, alors je pense que c’est un peu plus récent. Les Filles de la DB est la première association (loi 1901) consacrée aux Françaises, en France du moins.


(photo Les Filles de la DB)

(Photo Les Filles de la DB)

Avez-vous des liens avec des associations soeurs comme celles qui se rencontrent au Royaume-Uni, en Suisse ou aux Etats-Unis d'Amérique ?

La reconstitution est bien plus développée aux Etats-Unis ou encore au Royaume-Uni. Les groupes de reconstituions entièrement constitués de femmes y sont plus nombreux. Je suis d’ailleurs en contact avec des Anglaises qui représentent les ambulancières du Groupe Rochambeau et qui viennent souvent en France lors des cérémonies du 6 juin, en Normandie !
Un très bon site internet Blitzkrieg Baby permet de se rendre compte des différentes associations féminines partout dans le monde !

Vous faites preuve de beaucoup de rigueur dans vos reconstitutions, ce qui n'est malheureusement pas le cas de beaucoup de femmes liées à l'histoire vivante.

La rigueur est selon moi l’un des éléments clés dans la reconstitution. J’ai commencé à faire des recherches dès l’âge de 13 ans avant de me lancer véritablement dans la reconstitution historique à proprement parlé. Je souhaitais « connaitre » ses femmes, leur histoire, leurs uniformes, le matériel utilisé avant d’être confrontée au public et aux spécialistes.
Je trouve cela beaucoup plus intéressant et motivant.
Quoi de plus gratifiant que d’apprendre au public que oui, il y avait bien des femmes et Françaises, en première ligne !


(photo Les Filles de la DB)


Pourquoi ce choix des Rochambelles et des Marinettes ?

Depuis toute petite, je suis au contact de la seconde guerre mondiale par l’intermédiaire de films, livres, ou encore mes nombreuses vacances en Normandie. En effet, mon père est passionné par cette période et plus particulièrement de la division du général Leclerc. Au cours d’une de ses lectures, il m’a fait part de la présence de femmes au sein de cette division : il s’agissait des « Marinettes ». La présence de ces femmes attisa ma curiosité. Leur petit nombre (9 seulement) donnait un côté plus « humain » ; il me semblait plus facile de savoir qui elles étaient, pourquoi elles s’étaient engagées et quand…
J’ai donc mené des recherches sur internet mais sans grand résultat. C’est ainsi que j’ai décidé de m’y intéresser de plus près. De fil en aiguille, j’ai glané des informations et j’ai eu la chance de rencontrer des "anciennes". C’est ainsi qu’en 2005, j’ai voulu partager mes recherches pour que ces femmes obtiennent enfin toute la reconnaissance qu’elles méritent mais également pour aider les personnes qui, comme moi, cherchaient des informations : le site Les Filles de la DB était né.

Nous remercions vivement Pauline Brunet et les membres de l'association Les Fille de la DB d'avoir répondu à nos questions.




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