mardi 24 novembre 2020

LIVRE : Pablo Gallardo, SOLDATS D'ALGÉRIE, 1954-1962 (Mots-clés : Algérie, PFAT, EMSI, IPSA, convoyeuses de l'air)

 

Nous avons choisi de présenter ce guide Militaria pour une raison simple, les femmes n'y ont pas été oubliées. 

L'auteur Pablo Gallardo est de ces rares auteurs qui ont compris que les derniers conflits du 20e siècle ne se conjuguent pas seulement au masculin, mais également avec force au féminin. La guerre d'Algérie (1954-1962) en est un bon exemple. Aux côtés de l'armée française et des civils, des milliers de femmes en uniforme ont servi pendant toute la durée de la guerre et même quelques années après pour certaines : PFAT, EMSI, infirmières, assistantes sociales, IPSA et conductrices de la Croix-Rouge française, groupes d'auto-défense féminins, femmes des unités administratives, convoyeuses de l'air, assistantes sociales de l'armée et ainsi de suite. 

 


 

Sur les 66 pages que compte ce petit livre quatre sont consacrées aux femmes. Soit, deux pages pour les EMSI/PFAT et deux pages pour les convoyeuses de l'air. Certes c'est peu, mais déjà beaucoup. Le texte est court mais bien ciblé et les silhouettes aussi charmantes que détaillées.


GALLARDO (Pablo), Soldats d'Algérie, Paris, Histoire et Collections, 66 p., 2020, 19,95 €

lundi 9 novembre 2020

Livre : Mariana Cojan Negulescu, ECATERINA TEODOROIU UNE HÉROÏNE ROUMAINE (Mots-clés : Roumanie, Grande Guerre, combattante, amazone)

 

La participation de la Roumanie à la première guerre mondiale a longtemps été occultée dans les ouvrages francophones.


Le livre de Mariana Cojan Negulescu nous éclaire sur une facette de l'effort de guerre roumain, dans une édition bilingue français-roumain, la vie d’Ecaterina Teodoroiu. C'est une jeune femme née en Valachie en janvier 1894 et décédée à l’âge de vingt trois ans seulement près de la rivière Ṣușita, affluent du Siret qui se jette dans la toute dernière partie du Danube. 

 



Ecaterina Teodoroiu est un personnage de légende que les divers régimes roumains mirent, plus ou moins, sur un piédestal, quitte à en gommer une partie de sa personnalité, comme sa foi chrétienne ou ses liens avec la famille royale sous Nicolas Ceausescu. Elle fait partie, aux côtés, par exemple, de la Russe Maria Botchkareva (dont le nom de guerre est Yashka), de Fatima au sein des spahis marocains, de l’Anglaise Flora Sandes officier sur le front serbe ou de Milunka Savić sergent-major de l'armée serbe, de ces dizaines de femmes qui prirent les armes durant la première guerre mondiale. C'est ce qu'explique, l’auteur, Mariana Cojan Negulescu. Outre ces femmes de la Grande guerre, elle nous présente Marie Flour, alias Catherine de Poix, que dévoila l'historien Jules Michelet (1798-1874) en son temps. Cette dernière défendit Péronne en 1536 contre les armées d’un autre empereur germanique que Guillaume II, à savoir Charles-Quint.


Quoique fille de paysan, Ecaterina Teodoroiu est scolarisée au niveau secondaire à dans un lycée de Bucarest et suit une formation d’institutrice, après son passage dans une école primaire germano-roumaine.


À l’été 1914, la Roumanie comme l’Italie a un accord de défense avec l’Autriche-Hongrie, toutefois ces deux pays restent neutres en évoquant le fait que ce sont les deux pays germaniques qui ont enclenché le conflit. L’Italie et la Roumanie, entrent en guerre respectivement en mai 1915 et au cours de l’été 1916, ceci parce que l’Autriche-Hongrie refuse toute concession territoriale permettant à ces deux pays de retrouver des populations qui sont leurs. Guillaume II est obligée d’envoyer de nombreuses troupes allemandes afin de contenir les Roumains dans les Carpates, faute de réaction suffisante de la part de la double-monarchie. Le général français Berthelot, avec nombre d’officiers, sous-officiers et soldats tricolores, est présent aux côtés de ces derniers.


Infirmière au début du conflit, Ecaterina Teodoroiu apprend en octobre 1916 la mort de l'un de ses frères, elle demande alors à servir comme soldat. Ce qu'on lui accorde. Elle sauve, en novembre 1916, une partie de son unité grâce à sa parfaite maîtrise de la langue allemande, en déclarant faussement que ses camarades allaient se rendre (page 201). Dans d’autres occasions, elle galvanise ses compagnons qui sont entraînés avec elle dans une terrible retraite. Devenue éclaireuse dans l’armée, elle n’en demeure pas moins infirmière face à des hommes qui décédent autant du typhus que des armes. Finalement, elle participe à la bataille de la Mărășești où elle meurt en septembre 1917 alors qu’elle commande un peloton d'infanterie.


Pour résumer, dans son ouvrage, Mariana Cojan Negulescu nous conte les années de guerre de la Roumanie au travers de la vie de Ecaterina Teodoroiu. Instrumentalisée ou temporairement mise de côté par tous les régimes qui suivirent la fin de la première guerre mondiale, l'héroïne connut des périodes de plein éclairage qui alternèrent avec des moments de franc brouillard.


Alain Chiron


Maria Cojan Negulescu, Ecaterina Teodoroiu : la Jeanne d'Arc de Roumanie, Princeps diffusion L’Harmattan, 2019, 352 pages