jeudi 8 octobre 2020

LIVRE : Isabelle Boulanger, DES BRETONNES ENGAGÉES DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE (Mots-clés : Bretagne, résistance, résistantes)

    Durant toute la seconde guerre mondiale, près d’un million-et-demi de prisonniers français se trouve en Allemagne. Cette « absence » des hommes laisse une large place aux femmes dans la vie de tous les jours. Et la résistance à l'occupant allemand ne fait pas exception. Elles intéressent particulièrement les mouvements de la résistance pour leurs connaissances en dactylographie, et du fait d'être peu soupçonnées par les Allemands. On leur reconnaît le fait de faire preuve d’imagination pour cacher, soit des hommes, soit du matériel d’imprimerie, soit des armes. 

Comme assez peu de juifs se réfugient en Bretagne, la région étant en zone nord, seule vingt Bretonnes sont reconnues « Juste parmi les Nations ». Mais, ce nombre de femmes est bien plus important que celui des hommes qui, pour ces mêmes départements, ne sont que cinq. Le premier chapitre de l’ouvrage montre que les actions de résistance prirent des formes diverses, mais que toutes mirent leurs actrices en danger, même pour de simples faits. Ainsi, les menaces tombèrent sur une femme qui rendait régulièrement visite à des résistants internés avec qui elle n’avait aucun lien familial. 

 Le chapitre suivant évoque les femmes engagées dans les Forces françaises libres, bien souvent comme infirmières. 

Entrées dans la Résistance, nombre de Bretonnes connaissent un sort tragique ainsi, après trois jours de torture, à l’âge de vingt ans Mireille Chrisostome est exécutée le 14 juillet 1944 à Saint-Brieuc. D’autres connaissent la déportation comme Suzanne Bouvard-Latapie, infirmière dans le maquis, envoyée au camp de Ravensbrück. 

Le dernier chapitre parle des années qui suivent la seconde guerre mondiale et, en particulier, comment des résistantes bretonnes prolongèrent leur engagement résistant dans une entrée dans la vie publique comme conseillères municipale, générale, voire même députée. Leur nombre, en proportion, fut plus important au PCF. Sans pour autant être élues, il y en eut pour se retrouver permanentes comme Marie-Louise Kergoulay dans les Côtes-du-Nord. Yvette Wilson, infirmière depuis la première guerre mondiale, est élue maire sans étiquette à La Bernerie-en-Retz en Loire-Atlantique, une commune de près de 1800 habitants en 1946. 

 

Trois femmes sont élues députées démocrates-chrétiennes. De ces trois femmes, celle qui deviendra la plus célèbre est Marie-Madeleine Dienesch qui représente les électeurs des Côtes-du-Nord, l'une des rares femmes dans les gouvernements du général de Gaulle. Le PCF compte également quelques députées bretonnes comme la Finistérienne Marie Perrot épouse Lambert puis Gosnat qui siège au Palais-Bourbon de 1948 à 1951. Suzanne Valentin est très brièvement secrétaire d’état dans un gouvernement sous la présidence de Georges Pompidou, députée gaulliste du Finistère de 1962 à 1973 et maire de Saint-Ségal de  1945 à 1949 puis de Pont-du-Buis de 1949 à 1974. On relève également que la première femme consul, née en 1911 à Morlaix, se nommait Jeanne-Louise Pétrement. 

 Dans la conclusion, il est rappelé que l’engagement des femmes dans la Résistance fut une marche vers l’égalité des droits entre hommes et femmes. D’autre part l’auteur s’interroge sur le sens de l’intérêt collectif dans notre société du XXIe siècle alors que le nationalisme, le racisme et le fondamentalisme menacent son équilibre. Cet ouvrage très largement illustré, manque toutefois d’un index des personnes.  

BOULANGER (Isabelle), Femmes d’exception en Bretagne sous l’Occupation, Coop Breizh, 2020, 256 pages

  Alain CHIRON

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