
Rappelons que notre titre
vise à dire dans un premier et second temps que les fruits sont là
pour la fête du Saint-Esprit et que le jour de la Pentecôte est
proche du moment où nous écrivons ce texte. Dans un troisième et
quatrième mouvement, il fait allusion au fait que l’ouvrage
Princesse et combattante : mémoires de Marie de Croÿ,
1914-1918 nous évoque un réseau de résistance de femmes très
chrétiennes (des catholiques et une anglicane) qui accueillit dans
des habitations privées des soldats étrangers. Il s’appuya
largement sur des curés belges ou français et un architecte
Philippe Baucq, fondateur d’une œuvre catholique d’aide aux
pauvres d’un quartier de Bruxelles. Princesse et combattante :
mémoires de Marie de Croÿ, 1914-1918 est d’ailleurs la
réédition sous un autre titre d’un titre écrit en 1931 et paru
en 1933 Souvenirs de la Princesse Marie de Croÿ qui contenait
une lettre-préface du comte de Broqueville, leader catholique chef
du gouvernement belge durant la Première Guerre mondiale et Premier
ministre de 1932 à 1934.
Ce réseau avait comme
principales actrices, outre la narratrice Marie de Croÿ, la comtesse
Jeanne de Belleville résidant en Hainaut, Édith Cavell (infirmière
anglaise à Ixelles en Belgique, au moment de la déclaration de
guerre), Louise Thuliez et Henriette Moriamé (jeune fille née dans
le Nord). Il s’agissait donc de recueillir des soldats français et
anglais, voir des prisonniers russes évadés, et tâcher de leur
éviter d’être fusillés (la narratrice raconte que des militaires
alliés furent passé par les armes, après avoir été découverts
se cachant dans une forêt depuis plusieurs jours) ou les aider à
rentrer chez eux via la Hollande. Bruxelles est l’étape
intermédiaire, on a des guides pour le parcours Bellignies-Bruxelles
puis d’autres guides pour Bruxelles-Pays-Bas. Le château de la
famille de Marie de Croÿ à Bellignies était situé antre
Valenciennes et Maubeuge à moins de cinq kilomètres de la frontière
belge. Les deux frères de Marie de Croÿ jouent un rôle non
négligeable, tous les trois sont nés d’une mère anglaise et d’un
père diplomate belge (ces derniers décédés respectivement depuis
25 et 2 ans au moment de la déclaration de guerre). Le plus jeune
frère de la narratrice épouse fin 1918 Jacqueline de Lespinay
(fille d’un député royaliste de Vendée qui siégea de 1898 à
1906), lui et la narratrice sont décédés dans un village de la
Nièvre. Par contre leur frère aîné, qui épousa une Princesse de
Ligne en 1920, mourut près de Bruxelles.
Marie de Croÿ et Édith
Cavell se rencontrent en décembre 1914 d’après les souvenirs de
la première (mais il semblerait que ce soit plus tardif) pour
coordonner leurs actions réalisées en parallèle. Le réseau est
démantelé durant l’été 1915, toutefois certains de ses membres
purent s’échapper comme le frère aîné de la narratrice qui
gagna les Pays-Bas. Marie de Cröy raconte ensuite son procès puis
son emprisonnement en particulier dans la forteresse de Sieburg non
loin de Cologne. Pages 147 à 149, elle nous livre les noms et les
raisons de l’arrestation d’une vingtaine de résistantes belges
ou françaises qui, comme elle, sont enfermées là. C’est là
qu’elle rencontre Louise de Bettignies dont elle ne connaissait
rien jusqu’alors (page 156) et raconte tant les formes d’opposition
qu’elle montre à l’administration que son agonie.

Du fait des mauvaises
conditions d’internement, elle tombe malade. Une multitude
d’interventions de personnalités neutres (comme le roi d’Espagne
ou le pape) et allemandes ou autrichiennes (l’archevêque de
Cologne, ses cousins princes allemands, l’impératrice Zita, etc.)
font qu’elle est transférée dans un hôpital à Munster ce qui
améliore considérablement ses conditions de vie, qui ne sont pas
idylliques pour autant. La narratrice termine en nous contant
l’Allemagne de la fin novembre 1918, agitée par les comités de
soldats, son retour en Belgique et une conclusion approchant certains
aspects de la morale qu’elle tire de son propre engagement et de
celui d’autres femmes (comme Gabrielle Petit née à Tournai, elle
avait monté un réseau de renseignements).
Ce texte est introduit
par Hélène Amalric en deux pages et on peut regretter qu’il ne
soit pas équipé de notes. Ceci pour trois raisons tout d’abord
Marie de Croÿ évoque des gens qu’elle ne présente pas, ainsi
savoir que ceux qu’elle appelle les cousins de Dulmen sont
titulaires d’une principauté située en Rhénanie (ceci aide à
comprendre son transfert en Allemagne de la prison à l’hôpital).
Ensuite il s’agit là de mémoires et il faut les confronter à
l’histoire, ainsi l’auteur, de bonne foi, se trompe parfois sur
certains faits ou dates, ainsi Louise Thuliez est donnée comme
institutrice à Lille mais elle est professeur de français à Lille
dans l’enseignement catholique et d’après l’historienne Élise
Rezsöhazy dans un texte intitulé "L’engagement résistant de
Marie et Reginald de Cröy au cœur du réseau d’Édith Cavell",
par ailleurs elle porte des jugements de valeur sur des personnages
ou des faits qu’elle nous impose.
Alain Chiron
AMALRIC (Hélène),
Souvenirs de la Princesse Marie de Croÿ d’Hélène Amalric,
Bibliomnibus, 2015, 197 p. 11 euros. Existe aussi au format Kindle (7,99 euros).
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