samedi 13 avril 2019

LIVRE, LE PEROU S'INVITE : FEMMES EN ARMES, itinéraires de combattantes au Pérou (1980-2010) de Camille Boutron (Mots-clés : Pérou, Combattantes, terrorisme, guérilla, lutte armée)

Les actions du mouvement péruvien dit du Sentier lumineux et celles du Mouvement révolutionnaire de Tupac Amaru (MRTA) ont bien souvent fait l’actualité des années 1980 à l’an 2000. Au MRTA, fondé en 1982, on doit en particulier la prise d’otages à l’ambassade japonaise de Lima où 500 personnes furent retenues, les dernières étant libérées quasiment deux mois après leur incarcération. Lors de l’assaut final, tous les membres du commando du MRTA ont trouvé la mort, y compris ceux qui se rendaient.



L’autre mouvement politico-militaire étudié est donc le Parti communiste péruvien Sentier lumineux (PCPSL) qui est d’inspiration maoïste et guevariste et descendant du Parti communiste péruvien (PCP). Il entre en lutte armée en 1980. La majorité de ses membres abandonnera la lutte armée qu’au milieu des années 1990. Repliés dans une partie de la jungle péruvienne, au sud-est du pays, un petit nombre d'entre-eux continue toutefois la « lutte armée ». Ainsi, en juin 2018 quatre policiers sont tués dans une embuscade, tandis qu'une autre attaque, non loin de Lima, cause six blessés parmi les membres d' un comité d’auto-défense.

Camille Boutron s’intéresse également aux femmes actives dans le contre-terrorisme. Dans la mesure où les autorités péruviennes ne veulent pas mettre en avant les succès remportés contre la guérilla par des femmes. De fait, l'auteur a une bien des difficultés à retrouver ces dernières afin d’en évaluer le nombre. L’auteur réfléchit sur l’intensité de la violence exercée par ces femmes (MRTA et PCPSL), qui ne répugnent pas à exécuter des civils, et les conséquences sociétales de leur engagement armé.

Pour mieux comprendre les motivations qui ont poussé ces militantes politiques à entrer dans la « lutte armée », Camille Boutron est allée interviewer des militantes du MRTA et du PCPSL dans les prisons où elles sont incarcérées. Pour cette raison, la condition carcérale des femmes en prison est méticuleusement étudiée dans toutes ses dimensions (familiales et amoureuses comprises) ; certaines poursuivent un engagement militant derrière les barreaux, mais de façons diverses, entre autre en se battant pour l’amélioration de leurs conditions de détention, mais aussi celle des femmes de droit commun.




 Ces militantes trouvent que les Péruviennes sont doublement exploitées en tant que travailleuses et en tant que membres du sexe dit faible. Si ces deux mouvements ont pris largement en compte les revendications féministes par contre ils n’ont pas toléré que des combats pacifiques féministes se développent en dehors de leurs initiatives allant jusqu’à assassiner certaines des femmes qui menaient ces luttes.

 Les femmes sendéristes ont été considérablement mises en avant par leur mouvement, à l'exemple d'Augusta de la Torre, du PCPSL, peut-être assassinée par une rivale. Dès lors, une légende révolutionnaire dorée se construit autour de sa personne (page 140). La mémoire entretenue autour de ces combattantes révolutionnaires est largement relayée par la presse locale qui d'ailleurs joue tant sur le registre de la fascination que de la répulsion.

Notons enfin que l’image de propagande utilisée pour la couverture du livre provient de l'un des rares musées du terrorisme situé au Pérou.  

BOUTRON (Camille), Femmes en armes: Itinéraires de combattantes au Pérou, 1980-2010, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019, 221 p.

Alain CHIRON

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