dimanche 14 septembre 2014

Livre : Infirmière en 1914, Lucia TICHADOU (Mots-clés : Grande Guerre, 1914-1918, infirmière, Croix-Rouge)


Nous avons pris un réel plaisir à lire le livre de Lucia Tichadou, présenté et annoté par Hélène Echinard, Infirmière en 1914, journal d'une volontaire, 31 juillet-14 octobre 1914




« Le 31 juillet 1914, Lucia Bernard part en train de Perpignan (par Toulouse et Limoges) pour Paris. Enseignante, elle est en vacances et veut faire un tour à l’Ecole Normale de Fontenay-aux-Roses où elle a été élève quelques années auparavant, puis elle compte se rendre dans son village natal d’Eclaron en Haute-Marne où résident sa mère et sa belle-soeur qui attend un bébé. La guerre est imminente. Lucia décide de tenir un journal. C’est une jeune femme de 29 ans, pleine d’allant. Sitôt la guerre déclarée, elle s’improvise infirmière et s’installe à Brienne-le-Château dans un hôpital lui-même improvisé dans l’église et le presbytère, dont elle assure, elle-même, « la construction » des lits. Le soir, elle tient son journal où elle consigne, outre les faits, ses réflexions et ses interrogations. Avec la bataille des frontières, les premiers blessés arrivent. Puis, à partir du 6 septembre, c’est la bataille de la Marne. Brienne-le-Château et Eclaron, entre autres, sont au cœur du mouvement amorcé par les troupes françaises pour contenir l’ennemi, puis le faire reculer; Saint-Dizier, où réside une partie de la famille de Lucia, est traversée par la ligne de front...
Lorsque Lucia reçoit son affectation de professeur à l’école normale d’Aix-en-Provence pour la rentrée scolaire, elle refuse d’abandonner ses blessés, quitte à recevoir un blâme et même à mettre en cause sa carrière.
Elle obéira, en retard. »

Ce récit qui se situe dans les premiers mois de la guerre est un excellent exemple de l'état d'esprit des Français et des Françaises en ces mois d'incertitude et d'espérance d'un conflit court et victorieux.
Pour l'époque, Lucia Tichadou, n'est pas une « infirmière » comme les autres, elle a une opinion très marquée à gauche (elle adhère au PCF en 1934) et ne la cache pas. 
Pourtant, nous retrouvons chez elle ce patriotisme et cet antigermanisme outranciers qui furent dans la bouche de bien des écrivains, d'hommes politiques et de beaucoup de Français en général. Exemple : « Pourquoi ne puis-je éprouver de haines individuelles ? Je hais la sauvage patrie des Teutons. Je me réjouis d'entendre dire qu'on en a démoli des milliers. Et le premier casque de hulans me donne un soubresaut d'horreur et de pitié. » Ou encore «  La guerre déchaîne la sauvagerie. Horreur, allons, pas d'attendrissement, pas de sentimentalité, ils ont raison, il faut mettre des oeillères, renverser tout. La victoire, la liberté sont à ce prix. » Mais il transparait aussi chez elle de la pitié pour l'ennemi et un fort sentiment pacifiste.

Ces vingt dernières années une poignée de récits d'infirmières ont été publiés avec un succès mitigé. Cependant la Grande Guerre ne peut se comprendre sans aborder l'effort considérable mené à l'arrière. Nous conseillons vivement ce récit, paru au mois de septembre 2014, tant il colle à l'actualité des premiers mois de guerre. Un texte court, limpide, au flot agréable.

L'initiative de cette publication revient à Hélène Echinard et aux éditions Gaussen de Marseille.

Prix : 12 euros
Editions Gaussen, Marseille

Pour commander l'ouvrage :


Dans le prochain post nous présenterons une autre publication des éditions Gaussen : Parachutée au clair de lune de Anne-Marie Walters.

A lire aussi sur les infirmières de la Grande Guerre :


  • Sophie Humann, Infirmière pendant la Première Guerre mondiale: Journal de Geneviève Darfeuil, Houlgate-Paris, 1914-1918, Paris, Gallimard jeunesse, 2012
  • Simone de Montmollin, Lettres d'une jeune bon secours à sa mère durant la guerre de 14-18,  Orthez, Talhe-Hèr, 2004
  • Claudine Bourcier, Nos chers blessés, Alan Sutton, 2005