mardi 22 novembre 2022

Nouveauté livre : LES MILITAIRES DE LA COMMUNE DE PARIS, 1871, par Frédéric Pineau (mots-clés : 1871, révolution, Commune, Paris, amazones, femmes combattantes)

 

La Commune de Paris de 1871 c'est vue réappropriée par de multiples tendances politiques, de l'extrême gauche à l'extrême droite, en passant par les libertaires, les nationalistes révolutionnaires, les socialistes, les communistes, etc. Objet de passions, de fantasmes et de convoitises, elle a laissé à beaucoup le goût de l'inachevé. Louise Michel, le mur des fédérés, la « semaine sanglante », autant d'évocations d'une révolution manquée, voire contrariée par ses faiblesses. Historiens, amateurs, politiques, il nous semble parfois que tout a été dit par tous, mais ce qui peut surprendre c'est l'absence d'étude sur ce qui fut l'âme, le gage de son existence, le cœur même de la Commune de 1871 : son armée, émanation voulue du peuple par le peuple. 




Mise sur pied dès le mois de mars 1871, son histoire, son organisation, ses diverses formations, ses uniformes, son armement, etc. sont autant d'aspects qui échappent à sa construction historique. C'est précisément ce que Frédéric Pineau vous présente en ces pages qu'accompagne une riche  iconographie souvent inédite. 

Outre les bataillons de gardes nationaux fédérés, vous y découvrirez d’étranges formations comme les tirailleurs blindés de La Villette, le bataillon contre-chouans,  l’artillerie maritime, les trains blindés, les équipes de fuséens, la légion Schoelcher et bien d’autres formations aux noms si bizarres que la postérité n’a pas retenus.




Une large place est consacrée aux femmes, que ce soient les femmes combattantes, les ambulancières, les cantinières ou celles qui combattront individuellement dans les bataillons de la garde nationale, comme de simples gardes.


PINEAU (Frédéric), Les Militaires de la Commune de Paris, 1871, Paris, Archives et culture, 2022  

SORTIE LE 3 DECEMBRE 2022

Nouveauté livre : JE MAINTIENDRAI, femmes, nobles et françaises, 1914-1918, Bertrand Goujon (mots-clés : Grande Guerre, Croix-Rouge, infirmière, noblesse, gotha)

 Bertrand Goujon, maître de conférences HDR en histoire contemporaine à l’université de Reims Champagne-Ardenne, nous offre avec Je Maintiendrai, femmes, nobles et Françaises, 1914-1919, une étude unique, novatrice et d’une richesse qu’il sera difficile d’égaler. Une étude unique donc, dans la mesure où elle s’attaque profondément au rôle des femmes de la noblesse pendant et juste après la guerre.



La vie qu’elles mènent est celle de beaucoup de Françaises, qu’elles soient baronnes, marquises, duchesses, princesses, comtesses ou vicomtesses. L’époux absent, les pillages, les destructions, le deuil d’un mari, d’un enfant, d’un frère ou d’un père, les bombardements, le déracinement, etc. En l’absence de l’homme certaines ouvrent leurs châteaux aux blessés militaires et aux réfugiés, d’autres s’improvisent gestionnaires d’un patrimoine colossal ou modeste, etc. Il faut aussi continuer à entretenir les réseaux d’influence et même à penser à en ouvrir de nouveaux. « Pour la plupart, l’essentiel reste néanmoins de maintenir leur rang, fragilisé par une hécatombe qui a décimé leurs fils et époux, mené certaines au bord de la ruine et conduit d’autres à la mésalliance ».

Ce livre qui ne compte pas moins de 912 pages s’appuie sur un corpus de sources et une bibliographie des plus solides qui pourront servir de base à bien d’autres études à venir. C’est bien l’usage d’archives privées provenant de châteaux comme ceux de Flaugergues, de Chaumont, etc., ou de familles illustres comme les Toulouse-Lautrec ou les Tascher de La Pagerie qui nous a paru ici le plus intéressant, car jusqu’à présent jamais utilisées pour ce genre d’étude.

La noblesse a donc dû s’adapter à la guerre, l’apprivoiser en quelque sorte, se résigner à la dompter. Servir est le maître mot. C’est dans les sociétés d’assistance de la Croix-Rouge française (SSBM, ADF, UFF) et les œuvres que cet apostolat de la charité se manifestera avec grandeur et bienveillance. C’est aussi un moyen de demeurer sur place, de servir et du même coup de surveiller et protéger ses biens.

La question qui se pose et qui d’ailleurs clos l’ouvrage, est un « retour à la normale » est-il possible avec la fin de la guerre. Doit-on douter de l’avenir aux vues des bouleversements sociaux et culturels vécus et subis ? Spécialiste de la noblesse pendant la Grande Guerre, l’auteur ouvre une réelle réflexion sur un sujet complexe.

GOUJON (Bertrand), Je Maintiendra, femmes, nobles, Françaises, 1914-1919, Paris, Vendémiaire, 2022