jeudi 29 décembre 2016

LIVRE : LUBA VINOGRADOVA, LES COMBATTANTES (Mots-clés : pilotes, seconde guerre mondiale, grande guerre patriotique, aviatrices, régiments)

 
En octobre 1941, les Allemands sont aux portes de Leningrad et de Moscou. Arrivent alors dans la capitale soviétique de jeunes femmes recrutées pour devenir pilotes sous la direction de Maria Raskova, navigatrice et, last but not least, agent du NKVD. Face aux pertes catastrophiques subies par les forces aériennes soviétiques lors de l’opération Barbarossa, Staline demande la constitution de régiments de femmes pilotes. Ce seront les 586, 587 et 588e régiments.


 
L’auteur, une russe, nous conte l’histoire de ces dizaines de jeunes filles, en s’attardant bien sûr sur les deux as Lydia Litvak et Iekaterina Boudonova. Toutes deux meurent d’ailleurs entre la fin juillet et le 1er août 1943 au moment où se déroule la bataille de Koursk qui suit la fin de la bataille de Stalingrad. Après ces deux combats, l’armée allemande ne reprendra jamais l’offensive et pratiquera ce que Pierre Dac appellera la défense élastique (Voir ici). Une autre pilote, Valeriya Khomyakova fut la première femme à abattre un avion allemand ; un bombardier, le 24 septembre 1942, lors d’un vol de nuit au-dessus de Saratov. Elle décède, lors d’un décollage de nuit, une dizaine de jours après ce combat. 

Lydia Litvak



 
Marina Mikhaïlovna Raskova.

L’auteur  dresse le parcours dans le civil, puis sous l’uniforme, de ces femmes qui durent vaincre les préjugés de leurs compatriotes et apprirent vite que les pilotes allemands avaient la hantise de voir leur avion descendu par elles. C’était pour eux au départ une profonde honte, toutefois elles gagnèrent assez vite l’estime des as de la Luftwaffe qui les surnommèrent "les sorcières de la nuit". Au passage on prend de nombreuses informations par exemple sur les concepteurs russes d’avions (tous dans une prison du NKVD en 1940 à l’exception d’Alexandre Yakolev), les modèles successifs d’avions utilisés par les soviétiques ou sur les superstitions ou porte-bonheurs des aviateurs russes (pages 263-264). 
 
Leur épopée est tout particulièrement liée à l’ensemble des réactions des armées soviétiques face à l’agression hitlérienne, aussi ce sont de nombreux épisodes de cette dernière que l’on revisite. Nous trouvons même la reproduction d’une photographie d’une famille de réfugiés prise par Iakov Khalip en juillet 1941 près de Kiev. Ce sont ainsi une trentaine de clichés, représentant en grande partie des aviatrices soviétiques, qui sont proposés. Par ailleurs, le livre dispose d'un index des noms des personnes citées dans l’ouvrage. 

 
En fait la première combattante de la Guerre patriotique élevée au rang d'héroïne ne fut pas une aviatrice, c’est Zoïa Kosmodemianskaïa (dite "Tania"), décédée fin novembre 1941, qui faisait partie d’un groupe de partisans laissés derrière les lignes allemandes à environ 100 km à l’ouest de Moscou (voir pages 118 à 121). Après elle quelques aviatrices rentrèrent dans ce panthéon bien gardé. 
 
Le récit ne va pas au-delà de la fin 1943, à l’exception de quelques remarques, si bien qu’il y a une impasse sur les circonstances dans lesquelles l’avion d’Anna Aleksandrovna Iegorova ou Egorova fut abattu en août 1944 près de Varsovie et sur son devenir ultérieur. Présumée morte, elle se vit attribuer à titre posthume le titre de "Héros de l’Union soviétique" mais, libérée le 31 janvier 1945, elle se vit retirer cet honneur. Suspecte, comme tous les Russes faits prisonniers, elle s’est vue réattribuer le titre de "Héros de l'Union soviétique" seulement en 1965. Née en 1916, elle décéda en 2009. 



Nous sommes ici face à un véritable travail d’historien réalisé tant à partir d'archives historiques de première main que de témoignages des survivantes ou de personnes les ayant côtoyées. A ce sujet notons que l'auteur, Liouba Vinogradova, née à Moscou, est docteur en biologie, mais aussi diplômée en allemand et en anglais. Par ailleurs, en 1995, elle a assisté l'historien Antony Beevor dans la rédaction de Stalingrad.

Alain CHIRON

Liouba Vinogradova, Les combattantes: Les aviatrices soviétiques contre les as de la Luftwaffe, éditions Héloïse d’Ormesson, 2016, 496 pages 


PRIX : 25 euros et 18,99 au format Kindle



samedi 24 décembre 2016

LIVRE : FEMMES SOUS L'UNIFORME, 1939-1945 (Mots-clés : seconde guerre mondiale)

 Les éditions Histoire & Collection sortent pour les fêtes un joli petit ouvrage tout en couleur de 66 pages sur les femmes en uniforme de la seconde guerre mondiale. Huit belligérants y sont présentés : USA, Grande-Bretagne, France, URSS et Canada pour les alliés ; Italie, Finlande et Allemagne pour l'Axe. Le principe est de présenter des tenues d'époque sur des mannequins vivants. Une bonne moitié de ces silhouettes nous sont connues, car présentées dans d'anciens numéros de Militaria magazine, dans la revue italienne Uniformi e armi ou bien dans le merveilleux ouvrage de Martin Brayley et Richard Ingram, World war II British women's uniforms, paru, il y a fort longtemps, en 1995.



L'ouvrage est globalement de bonne qualité et connait une version en langue anglaise (Women in uniform) dont la couverture diffère de la version française. Notons qu'un grand nombre de nouvelles silhouettes, comme pour la France, les USA ou l'URSS, raviront les amateurs. Autre intérêt, la participation d'auteurs Français et étrangers (allemand, finlandais, italien, etc.) reconnus dans leur domaine, et de jeunes femmes s'intéressant  depuis quelques années au sujet des femmes en uniforme (Victoria Pageot, Pauline Brunet, Adeline Rodrigues).



Cet ouvrage s'adresse surtout aux amoureuses et aux passionnés de reconstitution et d'histoire vivante. Toutefois, il est certain qu'il comblera tout autant ceux qui s'intéressent à l'histoire du costume féminin dans toute sa diversité.

Collectif, Femmes sous l'uniforme, 1939-1945, Paris, H&C, 2016, 19,95 €

Collectif, Women in uniform, 1939-1945, Paris, H&C, 2016


Disponible sur les sites de vente en ligne et aux éditions Histoire et Collections.