mardi 21 mai 2019

LIVRE : FEMMES PIRATES : LES ÉCUMEUSES DES MERS de Marie-Ève Sténuit (Mots-clés : pirates, corsaires, France, Angleterre, Chine)

 « Marie-Eve Sténuit est née à Uccle, une commune de Bruxelles, le 15 mars 1955. Elle a étudié l’Histoire de l’Art et l’Archéologie à l’Université Libre de Bruxelles, ville où elle réside principalement aujourd’hui. Elle exerce la profession d’archéologue et d’écrivain. Ses activités scientifiques l’ont conduite pendant plus de vingt ans en Syrie, chaque année. Elle est également co-directrice du GRASP (Groupe de Recherche Archéologique Sous-Marine Post-Médiévale) créé par son père, Robert Sténuit. Elle séjourne régulièrement en Indonésie, sur l’île de Bali, par amour pour l’art et la culture... » (Source : IGGY Book)

L'auteur (DR)


De l’introduction de Femmes pirates : les écumeuses des mers, on retiendra particulièrement :
« Les femmes qui sont entrées en piraterie y sont venues pour les mêmes raisons que les hommes : la cupidité ou la misère, la soif d’aventures, la fuite d’un monde trop étroit pour leurs expectations. (…) . Dans la majorité des cas, les femmes pirates ont mené leur carrière dans l’anonymat, sous des noms d’emprunt et dans des habits d’homme. En piraterie comme ailleurs, le genre féminin fut bien souvent un handicap ».





L’ouvrage de Marie-Eve Sténuit évoque donc longuement plusieurs destins de femmes pirates qui opérèrent en divers océans : Alfhilde de Gotland, Jeanne de Belleville, Lady Killigrew, Mary Read, Anne Bonny, Rose Bregeon, Louise Antonini, Julienne David, Chingh Yih Saou, Laï Cho San, Marie-Anne Dieuleveult, Maria Cobham, Mesdames Pease n°1 et Pease n°2.

D’autres figures émergent avec des développements plus courts dont l’un rappelle le sort tragique des boat-peoples vietnamiens à la fin des années 1970.

Par ailleurs, certaines d’entre-elles ont été prétextes à des fictions comme Jeanne de Belleville (un roman historique par Élie Durel, publié en 2018) ou Chingh Yih Saou soit en pinyin Cheng I Sao et avec les idéogrammes 鄭一嫂 (une BD en six tomes Shi Xiu, reine des pirates, parue tout au long des années 2010). Cette dernière est le personnage principal du film, sorti au cinéma en décembre 2004, En chantant derrière les paravents du réalisateur italien Ermanno Olmi.

Alfhilde de Gotland est une femme légendaire (et l’auteur ne prend pas le risque de dater les aventures qui auraient pu arriver à cette Scandinave) qui n’est historiquement évoquée que dans une source unique tardive du XIIIe siècle, la Gesta Danorum du moine Saxo Grammaticus. Le récit de la vie de cette princesse rappelle qu’il y avait des combattantes sur les drakkars. « En 885, lorsque plus de sept cents bateaux remontèrent la Seine jusqu’à Paris, mille femmes environ se trouvaient parmi les guerriers ». D’autre part, on sait que « des Skoldjmoer ou vierges au bouclier combattirent sur mer à la bataille de Bravalla qui opposa, vers 735, les grands chefs danois et suédois ».

Jeanne de Belleville est une femme originaire du Bas-Poitou qui a épousé le Breton Olivier IV de Clisson. Sur ordre du roi de France Philippe V, le mari de Jeanne de Belleville est tombé dans un piège et a été traîtreusement exécuté. Cette dernière arme trois navires afin de s’attaquer aux bateaux de commerce français. On est alors à l’époque de la guerre des deux Jeanne, un conflit de succession , touchant le duché de Bretagne, qui dure de 1341 à  1364, alors que Jeanne de Belleville est du côté du prétendant soutenu par les Anglais, du Guesclin réalise ses premiers exploits guerriers dans le camp adverse. « Au grand maximum, son activité de pirate a duré un an, de l’automne 1343 à fin 1344, probablement moins, mais ces quelques mois suffirent à la faire entrer dans l’Histoire ».

Lady Killigrew, Mary Read, Anne Bonny sont des Anglaises qui vécurent au XVIIe ou au début du XVIIIe siècle. La première fut sûrement plus receleuse que pirate. La seconde avait été soldat dans l’armée britannique lors de la guerre de Succession d’Espagne, avant de devenir pirate aux côtés d’Anne Bonny dans l’équipage de John Rackham. Rose Bregeon, native de Saint-Malo, fut corsaire dans les années 1770. Louise Antonini était la fille d’un patriote corse qui avait combattu aux côtés de Pascal Paoli (figure de l'indépendance Corse) ; corsaire, elle est faite prisonnière aux Antilles par les Anglais. Après un séjour forcé au Royaume-Uni, elle rentre en France et devient soldat des armées de la Révolution et de l’Empire. On voit à travers ces exemples que se côtoient des figures connues et d’autres sorties de l’ombre.

On apprécie que le cas de deux Chinoises soit évoqué, Chingh Yih Saou et Laï Cho San. Ces deux-là opérèrent à un siècle de distance et la seconde a servi de modèle pour la Femme dragon, l'un des personnages de la série Terry et les pirates de Milton Caniff. L’iconographie est limitée à des cartes géographiques permettant de voir dans quel secteur maritimes agirent ces femmes pirates ou corsaires.

STENUIT (Marie-Ève), Femmes pirates : les écumeuses des mers, éditions du Trésor, 2015, 185 pages.

Alain CHIRON

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