Depuis quelques années
les éditeurs Français et Britanniques ont montré un regain
d'intérêt pour les agents féminins du SOE de la section F
(France). Créé en juillet 1940 par Sir Winston Churchill et mis en
marche par Sir Hugh Dalton (ministre de la Guerre économique), le
SOE (Special Operations Executive) avait pour mission l'envoi d'agents secrets dans les territoires occupés d'Europe
principalement, mais aussi en Abyssinie
et en Asie du Sud-Est, pour renforcer la
résistance locale, diriger des sabotages, organiser la réception
des parachutages d'armes, de matériel et d'agents et ainsi de suite.
Pour la France, outre la
section F une section RF vit le jour, sous la pression de la France
libre, dont la création et la direction furent conjointes, du moins
à ses débuts, avec un officier britannique, Eric Piquet-Wicks et le
chef du BCRA (Bureau central de renseignements et d'action)
français, André Dewavrin.
Les femmes ne furent
autorisées à intégrer le SOE qu'en 1942 pour des raisons pratiques
évidentes. Celles de la section F eurent pour noms : Cecily
Lefort, Diana Rowden, Eliane Plewman, Yvette Cormeau, Yolande
Beekman, Pearl Witherington, Elizabeth Reynolds, Madeleine Damerment,
Denise Bloch, Eileen Nearne, Yvonne Baseden, Patricia O'Sullivan,
Yvonne Fontaine, Lilian Rolfe, Violette Szabo, Muriel Byck, Odette
Wilen, Nancy Wake, Phyliss Latour, Marguerite Knight, Madeleine
Lavigne, Sonya Butt, Ginette Jullian, Christine Granville, Gillian
Gerson, Virginia Hall, Yvonne Rudellat, Blanche Charlet, Andrée
Borrel, Lise de Baissac, Mary Herbert, Odette Sansom, Marie-Thérèse
Le Chene, Sonia Olschanezky, Jacqueline Nearne, Francine Agazarian,
Julienne Aisner, Vera Leigh, Noor Inayat Khann,Vera Atkins et bien
entendu Anne-Marie Walters.
Pour en revenir aux
agents féminins de SOE envoyés en France, leur recrutement se
faisait dans le cadre du FANY (First Aid Nursing Yeomanry) qui servait
à camoufler leur véritable affectation. Anne-Marie Walters alias
Colette, née le 16 mars 1923 à Genève, de père britannique et de
mère française, s'engage dans les WAAF (Women's Auxiliary Air
Force) à l'âge de 17 ans seulement. Peu encline à la discipline
militaire, elle est approchée par le SOE qui lui propose de
participer à des missions derrières les lignes ennemies. Elle
accepte avec enthousiasme sans trop savoir ce qui l'attend. Après
une formation approfondie, Anne-Marie est parachutée le 4 janvier
1944 dans le sud-ouest de la France. C'est ce récit que nous
suivons pas à pas jusqu'à son retour précipité fin 1944. « Durant
sept mois (…) elle parcourra à vélo, en autocar, en train, en
auto « gazogène » toute la région, en tant qu'agent de
liaison du chef d'un des réseaux du SOE. Elle portera des messages
aux responsables locaux, organisera la fuite d'hommes recherchés par
l'ennemi, réceptionnera des parachutages et participera activement à
la vie de plusieurs maquis. »
Le présent ouvrage est
la traduction de Moondrop to gascony publié par Macmillan en
1946. La traduction française d'Anne Boulineau est de grande
qualité, tout comme la postface, les notices biographiques et les
notes de David Hewson qui font le point sur certaines figures ou
corrigent les erreurs historiques d'Anne-Marie. Un livre de 288 pages
qui se lit avec autant de plaisir qu'un roman. Au gré des pages, nous croisons de drôles d'individus ; des anonymes, courageux, trop
curieux, pleutres, dénonciateurs ; des maquisards ; des résistants
; des Espagnols ; des Britanniques ; des Américains ; un
néerlandais, mais aussi des Allemands, des miliciens et des membres
de la Gestapo qui n'eurent de cesse de hanter les rêves de l'auteur.
Paru en 2012, Parachutée
au clair de lune, complète les ouvrages de Monika Siedentopf,
Parachutées en terre ennemie, Perrin, 2008 ; Sarah Helm, Vera
Atkins, une femme de l'ombre, Paris, Seuil, 2010, Suzanne Ottaway,
Violette Szabo, the life that i have, 2002 réédition 2014, etc.
Anne-Marie Walters,
Parachutée au clair de lune, Marseille, éditions Gaussen, 2012, 288 pages.
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