La divine Kahena face au Khalifat de Eliane Bonafos relate le destin tout à la fois tragique et héroïque de la princesse amazigh (berbère) Kahena qui après la mort de Koceila Thabet (en 686), chef de la tribu berbère Awraba et de la confédération des Sanhadja, se mit à la tête des tribus berbères qui s'opposaient à l’invasion de leurs terres par les Arabes.
Après La
bataille des chameaux en 695, les troupes du Calife sont repoussées
jusqu’en Tripolitaine. Notons que les Byzantins, dans ce
qu’ils appellent l’exarchat de Carthage (ils ont repris tout
l’espace côtier aux Vandales), vont mener un certain temps un
combat parallèle au sien contre les envahisseurs musulmans.
Toutefois, le général
Hassan-Ibn-Numan ne se désespère pas, bénéficiant d’un
constant renouvellement de ses troupes. En 702 la Kahena, faite
prisonnière par Hassan-Ibn-Numan, est décapitée. Son corps est
jeté dans un puits proche. Les lieux prendront le nom de Puits de
la Kahena (Bir El Kahéna) Khenchela. Non loin de là à Kenchela
près de Baghai (où elle résidait très souvent) est installée
depuis 2003 sa statue (le visage s’inspire de pièces de monnaie à
son effigie). Ce personnage, dont on ignore la religion précise,
bien que certains historiens médiévaux la donnent comme de
confession juive a vu sa place d’héroïne se construire au temps
de la colonisation française. Elle figurait dans les manuels
d’histoire en usage dans les écoles d’Algérie et de Tunisie
dépendant des autorités françaises. Il est amusant de noter qu'à l'exemple de Jeanne d’Arc toutes deux furent accusées de sorcellerie
par leur adversaire.
Voilà donc avec La
divine Kahena face au Khalifat un ouvrage
qui consacre la moitié de son espace au récit de la vie de la
Kahena. Il apporte non seulement des informations diverses autour
d’elle mais dresse aussi une histoire du
peuple berbère. Nous pouvons regretter que dans ce livre d’histoire l'auteur reste très vague quant à la temporalité, et principalement
pour ce qui concerne la vie de la Kahena. De plus, le choix des
dates pour certains évènements, comme la mort de l’héroïne et
de Koceila se fait avec deux ans de décalage sur ce qui est
communément admis. En matière de littérature pour la jeunesse, il
existe trois autres romans historiques, dont nous donnons ici les
références.
BONAFOS
(Eliane), La Divine Kahena face au Khalifat,
Les Presses du Midi, 2014
A lire aussi
:
OUFKIR
(Raoul ), L’impératrice des songes
(2 tomes), Flammarion, 2010
LE GUEN
(Laurence), Kahina, reine des berbères,
Yomad, 2011
SAUTY DE CHALON (Christine), Princesse Kahina, la Jeanne d'Arc des Aurès, Godefroy de Bouillon, 1996
Alain Chiron
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